La tempête avait fait beaucoup de dégâts. Pour ma part, je m’en tirais pas trop mal. Enfin évidemment, il y avait eu pas mal d’angoisse. Et les angoisses pour une femme enceinte, ce n’est clairement pas la meilleure chose du monde. Ma plus grande crainte avait été que je me retrouve à accoucher à ce moment. Bonjour la galère si ça avait été le cas, j’aurais risqué d’accoucher toute seule chez moi... Je préférais ne même pas y penser ! Et puis rapidement, une autre angoisse était née. Parce que Gaïa ne s’en tirait pas aussi bien que moi dans toute cette histoire. Dès que j’avais pu, je m’étais évidemment rendu à son chevet. Fracture du bassin nous ont dit les médecins... Il était en tout cas hors de question que je la laisse seule à l’hopital. Bon évidemment, il y avait eu quelques petites chamailleries sur le fait que je sois enceinte et proche du terme en prime... Donc que j’avais besoin de repos dans un vrai lit et non pas dans un fauteuil à la confortabilité relative. Mais finalement j’avais utilisé l’argument ultime : si je devais accoucher maintenant, je serai déjà sur place au moins. Après, j’étais dans tous les cas proche du terme donc je ne risquais plus grand-chose d’une certaine manière. Bon d’accord, il avait encore un petit mois à rester au chaud ce bébé mais à ce stade, le médecin m’avait dit qu’il n’y avait plus trop de risque. Donc ça devrait aller. J’aimerais juste que ce petit bout pointe le bout de son nez lorsque sa deuxième maman serait suffisamment remise pour être là aussi.

Ce jour-là, Gaïa devait avoir une nouvelle opération. Elle en avait déjà subi une en urgence à son arrivée à l’hôpital, pour pouvoir la stabiliser. Mais apparemment, elle avait besoin d’une nouvelle intervention maintenant qu’elle était déjà un peu remise de la première. Moi ? J'allais devoir attendre bien sagement. Je l’avais embrassé avec douceur avant que la McPherson ne soit emmenée pour son intervention. Et c’est là que commença mon attente. J’avais prévu le coup, prenant de quoi m’occuper. J’avais ramené un livre et mon ordinateur portable pour pouvoir retoucher quelques photos que j’avais pu faire récemment. Bon, si j’avais pu, j’aurais effacé la tête du modèle mais ça n’aurait pas été très professionnel. J’étais donc vite repassé sur mon livre. Mais lire quand on se fait défoncer littéralement l’intérieur du ventre, ce n’est pas le plus évident du monde. Mais il y avait quelque chose d’étrange dans ces douleurs. Ça n’avait pas grand-chose à voir avec les coups de pieds habituels ou les petites douleurs des derniers jours. Enfin le médecin m’avait dit qu’il était normal d’avoir quelques contractions en approchant du terme. Donc pour le moment, je ne m’inquiétais pas trop. Et puis c’était encore relativement espacé. Je tentais tout de même de me caler au mieux, sans pour autant trouver la position la plus confortable. Pour le moment, je ne paniquais pas le moins du monde. Et j’étais impatiente de voir ma petite amie revenir de sa nouvelle intervention.

Je tentais vainement de me concentrer sur mon livre, respirant profondément lorsque je sentais une contraction venir. Ce n’était rien de bien dramatique, c’était même espacé. Le médecin m’avait dit qu’il n’y avait pas à s’en faire. J’étais même plutôt sereine, une main posée sur mon ventre rond. Gaïa venait de revenir de son opération, je n’avais donc plus qu’à attendre qu’elle finisse d’émerger tranquillement. Tentant de me caler un peu mieux, je lâchais un petit soupir d’aise en trouvant une posture confortable. Je vais finir par me balader avec des coussins dès que je bouge de chez moi, c’est pas possible autrement. Je relevais la tête en entendant la McPherson grogner, ce qui m’arracha un petit sourire d’amusement. Le réveil semblait quelque peu difficile. Je hochais doucement la tête à sa question. “Ça va. Bébé gigote par moment et défonce tout sur son passage mais ça va !” Autant en rire de cette manière que notre crevette a de bouger. Enfin ce n’est plus vraiment une crevette mais ce n’est qu’un détail. Pour moi, ce sera toujours une crevette je pense. Me relevant difficilement, je viens m’installer au bord du lit. Je me doute bien que je ne vais pas réussir à rester assise bien longtemps parce que j’ai un petit quelque chose qui commence à peser son poids à force quand même ! Mais je sais que ma petite-amie est toujours plus ou moins émerveillée de cette petite vie qui grandi.

Je finis par lâcher une grimace en sentant une nouvelle douleur. Bon sang, à quand remonte la dernière ? Je fronce légèrement les sourcils en regardant l’heure. Je dois commencer à m’inquiéter ou j’ai encore un peu de temps ? Je n’ai plus qu’à attendre la suivante pour savoir s’il faut que j’appelle un médecin ou non. Enfin pour le moment, je reste encore très calme. Je dois un peu me contorsionner pour réussir à embrasser doucement Gaïa. Il faut dire qu’avec mon ventre, les choses les plus simples peuvent vite devenir compliquées. “Comment tu te sens ? Pas trop dans le gaz ?” J’avoue que je me moque gentiment. Mais ce n’est pas tous les jours qu’elle est dans cette état, ma belle !