I'm a man, I'm a boy| ft. Liloo

Liloo et son frère ne s’étaient pas vu depuis un bon moment. Stitch avait toujours eu du mal avec l’hôpital et ce type d’endroits : trop de monde, trop de lumière, et trop de stress. Il avait besoin de s’entourer d’une aura magique et positive en toute circonstance, et même si il avait voulu voir sa sœur dès l’annonce de son retour, il en avait été mentalement incapable. Il avait ensuite eu du mal à la voir lorsqu’elle avait encore toutes ses blessures, parce que là encore, c’était trop angoissant pour lui. Il se serait mis à pleurer trop facilement, et ça n’aurait pas aidé sa sœur. Il s’était sentit nul à rester enfermé dans sa chambre pendant que ses parents allaient la voir. Ils lui racontaient tout en revenant, mais ce n’était pas la même chose. Il voulait la voir, il voulait la serrer dans ses bras, et lui raconter tout ce qu’elle avait raté. Il faut dire que Stitch avait tendance à se rappeler de tout, et à vouloir le partager. Mais personne d’autre qu’elle ne pouvait comprendre ce qui touchait à leur famille. Du coup, ça lui avait manqué. Liloo avait toujours été sa confidente. Il y a des choses qu’il ne pouvait dire qu’a elle, d’autres qu’il ne pouvait dire qu’a son père. Stitch était comme une machine émotionnelle. Il avait besoin de toutes les pièces pour fonctionner et, pendant des années, il lui avait manqué une pièce essentielle : sa grande sœur.

Sauf que voilà. Ils avaient prévu de se voir le soir, voulant profiter de l’absence de leur père pour passer une soirée entre frère et sœur. A l’ancienne. Stitch avait passé sa journée à la bibliothèque de Galway pour étudier dans le calme, et avait attendu la fermeture pour profiter pleinement de son temps. Il devait retrouver Liloo dans quelques heures, chez leur père. Mais le téléphone de Stitch ne tarda pas à vibrer, et il fut plus que surpris de voir qu’il s’agissait d’une notification d’une appli de rencontre. Il avait installé Tinder et d’autres trucs du genre. Parce que tout le monde semblait faire ça autour de lui, et que c’était le seul conseil que ses amis lui avait donné. Stitch galérait tellement à parler en public et en soirée que ça lui avait semblé être une solution possible. Mais il avait également galéré a avoir des réponses, ayant peur de mettre sa photo au début. Il avait peur qu’on le reconnaisse, peur qu’on se foute de sa gueule, et surtout, peur d’être rejeté. Finalement, un soir de désespoir, il avait finit par ajouter sa photo. Et là, visiblement, il venait d’avoir un message. Hm. Nouvelle expérience. Vibrante. Cela semblait trop beau pour être vrai. Stitch échangea quelques messages avec cette fille qui semblait vouloir le rencontrer là, tout de suite. C’était pas vraiment crédible, honnêtement. Depuis quand est ce que les filles étaient prêtes à rencontrer n’importe qui, comme ça, avec juste une photo et quelques lignes ? Mais Stitch était avant tout, un être humain avec des désirs qui surpassaient de loin toute tentative de raisonnement. C’était un scientifique, il fallait qu’il teste cette théorie, est ce que c’était possible de plaire, et quelle était la probabilité que cette fille vienne vraiment ? Bon. Même s’il avait une chance minime… il ne pouvait pas dire non. Il aurait presque dit oui à n’importe qui. Il n’avait même pas regardé sa photo. Il s’était juste mis à écrire et écrire et écrire encore. Au milieu de la rue. Les yeux rivés sur son téléphone. Et puis les mots magiques : « ok, j’arrive ». Merde.

Paniqué, Stitch se rappela tout de même qu’il devait voir sa sœur plus tard. Mais si tout se passait bien avec cette fille, il ne voulait pas prendre le risque que Liloo débarque en plein milieu. Il ne l’avait pas vu depuis longtemps : c’était pas a un jour près. Pas quand sa santé mentale à lui en dépendait : personne ne pouvait vivre sans sexe, personne ! Et ça faisait des années qu’il n’avait touché personne, au point que bon, son esprit avait bien du mal à se concentrer. C’était presque un sacrifice pour la science, non ? Soulager le corps pour aider l’esprit, un truc comme ça. Stitch n’avait jamais compris pourquoi ça marchait comme ça, et il détestait se sentir aussi piégé par ses désirs de garçons. Il voulait être au dessus de tout ça, mais plus le temps passait, plus c’était difficile. Il appela donc sa sœur pour annuler. Son coeur battait déjà bien trop vite, et les quelques secondes avant qu’elle décroche furent un peu trop stressantes. Il stressait de l’entendre au téléphone, il stressait aussi pour son rendez vous, et il stressait tout court, parce qu’il était dehors et qu’il voulait juste courir pour changer de vêtements et avoir l’air présentable.


Stitch : - Allo Liloo ? Ouai euuuuh, en fait euuuuh, je peux pas ce soir, c’est pas que je veux pas te voir hein, je t’évite pas mais je euh, j’ai un devoir super important à rendre demain, c’est très compliqué et euuuh, désolé, je dois y aller, bye !

Son téléphone s’était mis à vibrer en même temps, et la fille de Tinder semblait déjà en chemin. Stitch se dépêcha donc de rentrer, stressant tellement qu’il avait déjà oublié a quel point il avait été maladroit et nul avec sa sœur. Le tact n’avait jamais été son fort, mais là, comme souvent, il ne s’en rendait même pas compte. En plus, il mentait très mal. C’était grillé à des kilomètres qu’il avait juste dit ce qui lui passait par la tête, au hasard. Et puis surtout, demain, c’était Samedi. Et il n’avait jamais de devoirs à rendre en plein week-end. Ce n’était aussi par dans son vocabulaire de dire que quelque chose était très compliqué. Il préférait dire « complexe ». Parce que ça sonnait mieux. Liloo semblait l’avoir compris, et lui envoyait déjà des textos avec plein de points d’interrogation. Mais Stitch était dans le bus et ne fit pas attention aux messages qu’il recevait. Il eut a peine le temps de changer de t-shirt, et la fille était déjà là. Et en plus, c’était une vrai fille. Et elle était jolie. Stitch resta bouche-bé intérieurement et extérieurement, ne comprenant pas comment il pouvait avoir autant de chance d’un coup. Il attendait la caméra caché, vraiment. Une petite heure passa et Stitch réalisa enfin que son téléphone avait passé tout ce temps à vibrer parce que sa sœur n’avait pas cru à son histoire bidon de devoirs à rendre. Il l’appela donc pour la rassurer, faisant encore une erreur, parce qu’elle pouvait très bien entendre qu’il avait de la musique derrière lui. Et tout le monde savait qu’il avait besoin de rédiger ses devoirs dans le silence.


Mais Stitch était partit complètement ailleurs : il était au pays des super jolies filles qui tombaient du ciel. Il bafouilla quelques mots à sa sœur avant de raccrocher. Il avait les yeux de plus en plus occupés vu que la fille semblait être la pour autre chose qu’une longue discussion. Le reste fut un peu magique ; tant il avait oublié à quel point c’était cool. Juste le fait de ne pas se sentir complètement horrible lui redonnait confiance en lui. Et encore une fois, Liloo semblait avoir disparu de son esprit. En même temps, c’était pas trop le moment de penser à sa sœur. Entre la musique super forte et cette fille super belle, la famille n’existait plus. Du coup, il n’entendit pas Liloo sonner à la porte, et frapper. Il n’entendit pas non plus la porte s’ouvrir, ni les pas dans le couloir qui menait au salon, bref : rien. Par contre, il entendit quelqu’un être sur le point d’ouvrir la porte, à la dernière minute. Pensant qu’il s’agissait de son père, il paniqua, disant à la fille avec lui de vite, vite, vite : se rhabiller.

Stitch : - Vite, vite, merde ou est mon tshirt ?

Panique générale. Enfin, surtout lui. Mais la porte s’ouvrit bien rapidement pour laisser apparaître non pas son père, mais sa sœur. Soulagé, il se laissa tomber en arrière les mains sur le visage. Elle n’allait pas l’engueuler, c’était juste disons, un peu gênant. Elle allait penser qu’il l’ignorait, ou qu’il préférait voir des filles. Alors qu’il n’avait pas touché une fille depuis très, très longtemps avant ce soir. Et pas par choix. La fille semblait un peu perdue et amusée, mais elle avait continué de se rhabiller, vu qu’il se faisait tard dans tous les cas et qu’elle n’avait pas prévu de passer la nuit ici. Se sentant tout d’un coup super nul d’avoir essayé d’annuler la soirée avec sa sœur pour s’envoyer en l’air, il regarda Liloo. C’était pas dans ces circonstances qu’il voulait la revoir. Il essaya de meubler la gêne en mettant le plus de temps possible à enfiler son t-shirt. Il cherchait quoi dire. C’était un peu trop tard pour continuer à baratiner. Il était censé étudier… et il avait étudié l’art de la honte là, clairement.

Stitch : - Tu m'as fait peur Liloo, j'ai cru que c'était papa qui débarquait... comment t'as su que j'étais là?

Ah oui c'est vrai, il lui avait dit. Mais Stitch disait tout de travers quand il était nerveux. Il lui aurait bien présenté la fille qui était a coté de lui d'ailleurs, mais il n'arrivait pas à se souvenir de son prénom. Il ne savait même plus s'il lui avait demandé.

Ca faisait quelques temps que Liloo devait voir son frère, ça faisait aussi quelques temps qu'ils devaient se voir. L'accident avait tout chamboulé, Liloo savait qu'il n'aimait pas les hôpitaux, elle n'avait pas eu qu'il la voit aussi limité durant tout le temps de la rééducation. Ca faisait donc une éternité depuis son réveil qu'ils ne s'étaient pas vu. Liloo avait donc fait en sorte d'éviter son frère. Elle l'aimait beaucoup et savait qu'il ne serait pas vraiment à l'aise avec tout ça. Liloo allait beaucoup mieux, elle marchait maintenant sur ses deux jambes et n'était plus dépendante. Bien sur, elle avait parfois des douleurs atroces, mais Liloo ne se plaignait jamais. Elle était surtout contente d'être en vie et de pouvoir profiter.

Aujourd'hui était un bon jour, ils allaient enfin passer du temps ensemble et il fallait bel et bien croire que Liliane était un peu stressée. Elle n'avait pas vraiment de raison, mais ça faisait tellement longtemps que la tatouée n'avait pas vu son frère qu'il avait dû vraiment changer.
Ils avaient été proches tous les deux et Liloo avait toujours essayer de faire en sorte de l'écouter quand il en avait besoin. C'était son petit extra-terrestre, son Stitch.
La tatouée avait prévu de lui porter l'un de ses desserts favori, histoire d'être sure de lui faire plaisir, elle avait demandé à Calli de l'aider.
Liloo ne s'était pas vraiment attendu à ce que son frère l'appelle pour annuler leur soirée. Ok... Il la plantait pour un devoir ? Alors qu'il n'avait jamais de cours le week end... Liloo avait bien comprit qu'il y avait anguille sous roche et que son frère qui ne savait pas mentir, ne disait pas toute la vérité. Dire que Liloo avait prévu de lui dire qu'elle allait revenir vivre avec son père et lui... La tatouée décida de lui envoyer des sms pour avoir le fin mot de l'histoire. Mais pas de réponse, aucune. Terminant de préparer ses affaires, elle continua d'envoyer des sms à son cadet. Elle attendit un peu et appela Ethan pour avoir quelques nouvelles de lui. Ils étaient assez proches tous les deux, il était pas mal occupé avec la disparition d'Alastair McMurphy Sr. . En général, la blonde évitait de le déranger mais ça faisait quelques temps qu'elle n'avait pas de nouvelles du policier. Mais la blonde était toujours préoccupée par son frère et finit par prendre la décision d'aller voir ce qu'il se passait. Ce n'était pas dans ses habitudes de mentir, tout le monde le savait. Qu'est ce qui pouvait autant préoccupé son frère au point d'annuler le rendez vous avec un mensonge plus gros que lui ?
Liloo appela un taxi et se rendit chez son père qui ne semblait pas être présent vu qu'il n'y avait pas sa voiture. Elle sonna plusieurs fois, frappa à la porte, mais la musique était forte et personne ne lui ouvrit. Que pouvait donc fabriquer son frère ?! Elle finit par ouvrir la porte avec la clé qui était cachée au même endroit depuis des années et s'introduisit dans la maison.
Les lieux avaient un peu changé depuis son départ, mais elle les connaissait toujours par coeur. Elle trouva l'origine de la musique et la baissa avant de monter rapidement pour aller voir son frère. Elle ouvrit la porte et le trouva, paniqué, comme prit sur le fait accomplis. Ok, qu'avait il bien pu faire comme connerie ? En tout cas, il semblait rassurer que ce soit lui et non leur paternel. Liloo constata que son frère avait bien grandit, il était bien plus grand qu'elle. Elle n'était pas petite, mais son cadet avait beaucoup trop grandi. Un sourire s'afficha sur ses lèvres quand elle comprit la raison de l'annulation de leur rendez vous. Liloo n'en voulait pas à son cadet, elle comprenait ce besoin naturel. Son frère avait définitivement grandi.

- Parce que tu ne sais pas mentir ? Et que j'ai fini par m'inquiéter parce que ton mensonge était trop gros, que tu ne répondais plus à aucun de mes textos... Bref, je comprends beaucoup mieux pourquoi tu m'as planté !

Elle lui fit un clin d'oeil et se pinça les lèvres.

- J'vais aller poser mes affaires dans mon ancienne chambre qui va être de nouveau la mienne... Je t'attends quand tu auras fini...

Le sourire ne quittait pas les lèvres de la blonde qui ferma la porte et se dirigea dans son ancienne chambre pour faire son lit et poser ses affaires. Ça lui faisait bizarre de voir combien son frère avait changé, mais dans un sens elle était contente qu'il se trouve une copine. Lorsqu'elle entendit la porte d'entrée se fermer, elle sut qu'ils n'étaient plus que tous les deux et sortie de sa chambre.

- Alors comme ça, tu ramènes des filles en douce ? Tu sais, j'pense que papa peut comprendre...

Leur père était tout de même assez ouvert d'esprit pour comprendre, il avait été jeune lui aussi, et plus tard, Liloo ramènerait un Ethan complètement ivre avec qui il se passerait des choses.

- Elle s'appelle comment ? Ca fait longtemps ?

Liloo n'allait clairement pas lâcher Chuck comme ça, il allait subir l'interrogatoire. En même temps, c'était la moindre des choses après s’être fait planter de la sorte.

C’était un sentiment difficile à décrire que de voir sa grande sœur se tenir là. Parce que c’était comme si elle avait toujours été là… même lorsqu’elle ne l’était pas. Ils restèrent tous les deux à se regarder un petit moment, en souriant bêtement. Peut-être à cause de la situation, ou peut-être parce qu’ils étaient tout simplement heureux. C’était le sourire de la victoire ! Ils avaient réussis à tenir tout ce temps loin l’un de l’autre, esquivant les angoisses des parents et des médecins pour se réserver un moment complice comme lorsqu’ils étaient petits. Mais ils avaient tous les deux bien changés, du moins physiquement. Le regard de sa sœur restait le même et il s’était tout de suite rattaché à se sentiment familier, évitant de trop fixer les tatouages de sa sœur. Lui qui avait toujours été fasciné par tout ce qui était visuel, c’était cool de voir que sa sœur était devenue une œuvre d’art vivante.  Il l’avait évidemment vue dans les magazines mais ce qui lui tenait à coeur, c’était de retrouver sa Liloo à lui. Celle qui était à la fois un peu comme lui, et pas du tout comme lui. Une sœur quoi. Celle à qui il pouvait tout dire et tout demander. Celle à qui il se comparait, un peu maladroitement, lorsqu’il était plus jeune et qu’elle devenait populaire. Celle qu’il admirait, celle qui osait...

La dernière fois qu’ils s’étaient vu, Stitch était un petit adolescent timide qui levait rarement les yeux, préférant fixer le sol, tête baissée, afin d’éviter de croiser les regards. Consciemment et inconsciemment, il évoluait en parallèle avec le restant du monde, souvent ravi de s’effacer tel un fantôme lors des dîners de famille. Quand Stitch voulait communiquer, il en faisait trop et avait du mal à s’arrêter. Mais quand il était dans son monde, on lui reprochait de ne pas parler. Il ne pouvait pas gagner. C’est bien pour ça qu’il aimait sa sœur, il se disait qu’elle au moins, elle le comprenait. D’ailleurs a l’époque, il avait beaucoup dépendu d’elle pour le guider. Il avait été souvent collé à ses baskets comme on dit, et il aurait aimé pouvoir venir avec elle quand elle allait dans ses soirées. Evidemment, lui n’avait pas le droit : sa mère disait qu’il était trop jeune. Elle l’avait toujours traité comme un enfant. Comme s’il n’était pas capable de prendre une bonne décision tout seul. Mais pas sa sœur.  Il y a un phénomène en mécanique quantique ou deux états quantiques dépendent l’un de l’autre quelle que soit la distance qui les sépare. Et Stitch était un grand fan de ce principe. Il n’avait pas besoin de voir les choses pour les comprendre, il avait juste besoin de les visualiser. Et il appliquait la philosophie quantique à sa vie depuis toujours. Il pensait déjà comme ça avant même de connaître quoique ce soit au monde de la physique. Mais quand son père lui avait expliqué pour la première fois, ça avait été la révélation. C’était grâce à tout ça qu’il avait osé sortir un peu et essayé de se faire des amis. Dans sa tête, c’est comme si Liloo avait été là avec lui, pour l’aider à ne pas avoir peur. Même s’il s’était carrément planté sur ses fréquentations à l’époque. Et si sa sœur avait été là, elle lui aurait sûrement dit que ses « amis » étaient en train de se foutre de lui. C’était la première leçon qu’il avait du apprendre seul : tout le monde n’a pas de bonnes intentions. Lui qui pensait que seuls les enfants pouvaient se montrer cruels et qu’on comprenait le sens de l’empathie en vieillissant… il avait vite désenchanté. Difficile d’expliquer tout ça en texto à sa sœur, même si cela aurait bien mieux justifier le fait qu’il se retrouve là, avec une fille à moitié nue, dans le salon de son père. Lui qui se disait toujours que sa vie était celle d’un loser à qui il n’arrivait jamais rien, c’était peut-être pas tout à fait vrai en fin de compte. Stitch répondit donc à sa sœur, la laissant aller poser ses affaires dans sa… chambre. Hein ? Le temps qu’il comprenne ce qu’elle venait de dire le plus naturellement du monde, elle avait déjà disparu. Est ce qu’elle venait vraiment de dire qu’elle revenait ici ? Genre ici, ici dans la maison, et plus chez leur mère ?

Stitch : - Ok ! Attend hein, quoi ?

S’il avait bien compris, sa sœur était là pour rester, c’était une très très bonne nouvelle. Et il voulait en savoir plus. Il en avait presque oublié la fille juste à côté de lui, c’est pour dire ! Stitch était un peu gêné par la situation, mais la fille , elle, avait l’air d’avoir l’habitude. Elle continua de se rhabiller, ne semblant pas avoir de problème, ce qui le rassura, car il n’avait aucune idée de quoi dire, ni quoi faire. Il n’y connaissait rien en rendez-vous, que ce soit sur Tinder ou ailleurs.

La Fille : - Et c’est qui elle ?
Stitch : -   C’est ma sœur.
La Fille : - Oh, okay.

Encore perché sur son petit nuage, il avait peur de tout gâcher. Parce qu’il finissait toujours par dire un truc de travers. Il essayait donc d’être à la fois détaché et présent, gentil mais pas trop bavard, câlin, mais pas trop câlin. Il savait que chaque fille avait ses propres règles et que toutes les apprendre aurait prit quelques décennies. C’était aussi pour ça qu’il n’avait pas osé dire à sa sœur la vérité sur cette soirée. Il ne voulait pas la gêner elle, ou la fille… ou les deux. En fin de compte, Stitch s’était stressé pour rien, comme d’habitude. Et il avait eu les deux choses qu’il voulait le plus : s’envoyer en l’air, et revoir sa sœur. Bon, c’était bizarre de dire ça dans la même phrase. Mais il n’était pas très compliqué comme garçon, malgré ce qu’on pouvait dire de lui. Il ne lui fallait pas beaucoup de choses pour être heureux. Tout ce qu’il voulait, c’était une vie loin de tout conflit, avec des gens censés, gentils et sincères. Et pour une fois, il semblait avoir un bon karma. La fille l’embrassa sur la joue avant de sortir comme une fleur. Clairement, ce n’était pas la première fois qu’elle faisait ça. Mais ça n’allait pas empêcher Stitch d’être satisfait, et de sourire bêtement. Et si sa sœur était revenait pour de bon, la vie allait pour sûr devenir bien moins monotone ! Adieu solitude, ce fut fort sympathique, mais ça n’as que trop duré ! Stitch finit de se rhabiller en sautillant et en manquant de se casser la figure par terre. Il avait un peu trop hâte de courir jusqu’à la chambre de sa sœur. Il s’adossa à l’entrée de la porte, comme s’il attendait l’autorisation d’entrer dans le petit sanctuaire privé de sa sœur, n’arrivant toujours pas à croire qu’elle était là.


Plus vite ils changeraient de sujet, plus Stitch pourrait s’éloigner de ce petit sentiment de honte qui montait en lui. Mais évidemment, sa sœur voulait en savoir plus. Et elle allait être déçue, parce qu'il n'y avait rien à dire. Il n'avait hélas pas de petite amie. Il n'avait pas une vie aussi intéressante. Mais voilà que sa soeur le prenait déjà pour le mec qui ramène des filles ici. DES filles, au pluriel en plus ! Une petite part de lui trouva ça super flatteur qu’elle le pense aussi populaire. Il aurait bien aimé avoir plein de filles à cacher mais bon… la réalité était moins glorieuse.

Stitch : - Je sais que papa dirait rien mais…  je pense pas que je pourrais faire « ça » s’il était là… Et puis je ramène pas des filles en douce hein, je le jure, c’est la première fois… et comme tu peux le voir je suis pas expert en la matière...

Petit sourire gêné. Vraiment, ça l’aurait complètement bloqué de se dire qu’il y avait son père dans la pièce d’à côté. C'était déjà assez angoissant comme ça. Pire, il était sur que l’information serait remontée jusqu’à sa mère qui elle, n’aurait jamais lâché l’affaire. Il avait apprit à longtemps à ne rien dire à sa mère lorsqu’il s’agissait de filles. C’était déjà assez compliqué pour lui de s’y retrouver, il ne voulait pas qu’elle l’inonde de conseils. Il avait déjà du mal à dire le mot "sexe" à voix haute, il n'avait pas envie d'entendre sa mère le dire non plus. Stitch évitait aussi d’en parler à son père parce qu’a ses yeux, il ne pouvait pas comprendre comment il se sentait. Leur père n’avait jamais eu de problème pour plaire à la aux femmes, clairement. Il avait vu les photos de ses parents jeunes, aucun d’entre eux n’aurait pu comprendre ce que c’était de se sentir banal. Stitch avait l’impression d’avoir été un bug génétique. Ses parents et sa sœur avaient hérités du physique parfait, et lui se sentait disons, pas du même monde.  Peut-être qu’il aurait du retenir le nom de la fille du coup. Pour une fois qu’il avait du succès….

Stitch : - Son nom… Je crois que j’ai oublié de lui demander… je… la...connais pas vraiment.

Il ne voulait pas croiser le regard de sa sœur en disant ça. Stitch avait plutôt regardé le plafond, puis un coin de la pièce, puis un autre. Enfin, il leva les yeux au ciel, esquive ultime le temps de donner le reste des infos à sa sœur.

Stitch : - Je l’ai rencontrée sur Tinder…

On lui disait toujours qu’il n’avait pas besoin de se justifier autant. Mais c’était plus fort que lui. Il ne savait jamais quelle information était utile, et il en disait souvent trop par peur qu’on le juge sans avoir tous les éléments en tête.

Stitch : - Un ami m’as dit d’essayer, et du coup j’ai essayé, et je ne pensais pas que ça marcherait mais ça a marché, et…

Merde, il avait croisé le regard de sa sœur. Elle avait l’air plutôt amusée que dans le jugement, mais il se sentait quand même nul. Nul de devoir passer par une application dans l’espoir de trouver l’amour, même de façon passagère. Stitch se laissa tomber sur le lit, comme pour se cacher dans les oreillers, coupant sa propre phrase par un long soupir de desespoir, avant de marmonner dans l’oreiller :

Stitch : - Je sais. Je suis nul.

Mine de rien, ça lui faisait du bien de pouvoir en parler à quelqu’un. Il avait l’impression que Liloo n’était jamais partie, en sentant comme il était facile de retomber dans leur petite routine. Ils se parlaient comme ils s’étaient toujours parlés. C’était peut-être le fait de se retrouver dans cette chambre qui était restée intouchée pendant bien longtemps. Mais c’était exactement ce dont il avait besoin : retrouver sa grande sœur et pouvoir se confier !

Liloo ne s'était clairement pas attendu à ce que son frère ramène une fille à la maison, en même temps elle avait débarqué un peu à l'improviste. Charles ne savait pas mentir et Liloo savait que c'était un peu louche son histoire. Plutôt que de s'inquiéter, la tatouée avait voulu savoir ce qu'il pouvait bien se passer dans la tête de son cadet. La blonde faillit éclater de rire en voyant la demoiselle dénudée avec son cadet. Okey, elle l'avait grillé, il avait passé du bon temps et elle n'avait plus à s'inquiéter pour son frère, il n'était pas en danger.

- Oui, je reviens Chucky...

La blonde lui laissa un peu d'intimité pour le laisser un peu avec son invitée. Une fois celle ci partie, Liloo remarqua que son frère était à l'embrasure de la porte. C'était assez drôle de le voir là, n'osant pas entrer alors qu'elle était en train de ranger ses affaires.

- Rentre, reste pas planté là...

Un nouveau sourire s'afficha sur les lèvres de la blonde et laissa son frère faire comme chez lui - après tout, il était chez lui -. Elle lui offrit un doux sourire avant de froncer le nez. Il n'avait pas tort en fin de compte.

- Je comprends, je crois que j'aurai un peu de mal à savoir que papa peut débarquer n'importe quand... Quoi que, dans certaine situation... bref laisse tomber...C'était ta première fois ?

Parce qu'elle ramènerait rapidement un mec à la maison et finirait par s'envoyer en l'air avec lui, jusqu'à ce que son père la fasse se liquéfier lors du petit dej. Mais ça, Liloo ne le savait pas encore. Un autre sourire s'afficha sur les lèvres de la tatouée. Son frère découvrait de nouvelles technologies pour rencontrer des gens, en soit, ce n'était pas si mal.
En soit, Liloo savait combien ça pouvait être difficile de rencontrer parfois des personnes et elle savait qu'un grand nombre de gens utilisaient cette application. La Parish observe son frère qu'elle voit mal à l'aise, elle ne peut pas s'empêcher de sourire, c'est bien plus fort qu'elle.

- Allons, c'est pas grave d'utiliser Tinder, ça t'a permis de trouver une demoiselle avec qui j'espère tu as passé du bon temps...

Elle sourit encore en le voyant se cacher sous les coussins, elle ne peut pas s'empêcher de trouver ça mignon mine de rien.

- Mais non, tu n'es pas nul Chucky, arrêtes tes bêtises, des milliers de gens utilisent cette application... Pourquoi pas toi ?

La Parish s'installa à ses côtés et caressa doucement la cuisse de son frère comme pour le faire sortir de sa tanière et fini par s'allonger non loin de lui. Ils faisaient ça quand ils étaient bien plus jeunes, ils se retrouvaient souvent dans le même lit ensemble à refaire le monde.

- Arrête de te dénigrer, t'es devenu un beau garçon et puis, t'as le droit de t'amuser... T'as le droit de ramener des filles ou même des garçons s'ils te plaisent... J'en sais rien après tout tu as le droit et tu ne dois justifier de rien à personne... Jamais Charles, si t'as envie de faire quelque chose, ben fais le sans te justifier de quoi que ce soit...

La blonde finit par prendre tout doucement son frère dans ses bras pour une étreinte bien mérité. Ca faisait des années qu'elle n'avait pas pu le faire et pour tout avouer, ça lui manquait.

- Tu m'as manqué Stitchy...

L'ex mannequin caressa doucement les cheveux de son cadet, il avait vraiment changé et dans un sens ça faisait bizarre pour la demoiselle.

- T'as vraiment grandi, t'es plus grand que moi... c'est pas juste ça !

Elle était assez grande pour être mannequin, mais son frère était beaucoup plus grand qu'elle et ce qui était mieux pour lui. Elle caressa doucement sa joue.

- Alors t'en est ou de tes études ? Qu'est ce qu'il y a de nouveau dans ta vie ? Tu étudies ou maintenant ? Je sais que tu bosses à la librairie, je trouve ça vraiment cool...

Liloo essayait d'en savoir un peu plus sur la vie du cadet Parish.

Uhhmmfh. Il continua de marmonner dans l’oreiller, comme un enfant qui a fait une bêtise. Stitch n’aimait pas comment les gens parlaient de sexe. Les expressions étaient toutes bizarres. Qu’on dise tirer son coup, s’envoyer en l’air ou pire : s’amuser… tout ça ne lui allait pas. Quand on lui disait que le sexe était un jeu, ça ne lui allait pas non plus. Quand on lui disait que chaque personne avait un rôle de dominant ou de dominé, là aussi, ça ne lui allait pas. Ce n’était pas sa vision de l’amour, et ce n’était pas sa vision du plaisir. Est ce que lui aussi allait devenir comme ça à la longue, éternellement dépendant de la technologie et des mauvais mots ? Tout ça pour quoi, de l’affection passagère ? Il en avait marre du passager. Il en avait marre d’être juste le mec au bon endroit, au bon moment. En entendant sa sœur demander si c’était sa première fois, il marmonne encore un truc incompréhensible dans l’oreiller. Question compliquée. Stitch avait bien envie de dire fièrement à sa soeur que non, ce n’était pas sa première fois. Mais sa première fois avait été la pire de ses histoires, de loin. La fille n’en avait rien à faire de lui, elle lui avait mentit du début à la fin en lui faisant croire qu’elle l’aimait bien. Encore pire : elle l’avait fait parce que ses potes l’avaient défiée. S’il y avait une machine pour remonter dans le temps, il effacerait ce moment sans hésitation. Cette fille et ses amis avait heurté son égo pour toujours, et même si c’était il y a des années, Stitch restait émotionnellement flippé à cause de cette mauvaise expérience. A cause d’eux, il s’était persuadé que tout le monde le voyait comme un mec pas très futé qu’on peut utiliser sans problème. C’était vexant. Et ce genre de moment reste gravé en vous à jamais. Mais la question de Liloo lui rappelle encore une fois qu’elle ne l’a pas vu depuis longtemps, et qu’elle ne sait rien de tout ça. Il réalise aussi qu’il ferait mieux de sortir la tête de l’oreiller et essayer de communiquer, parce qu’il a envie de la regarder bien plus que de se morfondre sur son propre sort. Mais il répond avant de la regarder,  gêné par son manque d’expérience et ses mauvais souvenirs.

Stitch : - Non… c’était pas ma première fois…

Il laisse tomber sa tête dans le coussin un petit instant. Soupir étouffé. C’est plus fort que lui. Il n’aime pas affronter la réalité, et son cerveau n’arrive pas à penser à autre chose une fois qu’il est lancé. Il essaye d’effacer les flash backs qui arrivent non stop, et se force à en sortir alors que sa sœur essaye de le rassurer en lui faisant plein de compliments gentils. Sortant enfin la tête de sa caverne de plumes, Stitch s’expliqua plus clairement :

Stitch : - C’est que… c’est pas ce que je veux, du tout. Je veux une copine, je veux une vrai relation,  avec de l’amour, du romantisme et tout ce qui va avec. Je veux ce que papa et maman avaient. Je ne veux pas qu’elle parte quand c’est fini, je ne veux que ça compte...tu vois... voilà pourquoi je me sens nul. Je vois tous les mecs qui couchent avec n’importe qui, je m’en fiche si des millions de gens font ça… moi je veux pas faire ça…

Un peu trop passionné par son monologue, Stitch se tourna vers sa sœur, s’appuyant sur son coude. Il avait toujours eu du mal à s’arrêter de parler quand il était lancé. Comme son père. En mille fois pire. Des dizaines de questions se bousculaient dans son cerveau. C’était ça qui lui avait manqué : les conseils de sa sœur.  Avoir une fille qui pouvait lui expliquer comment une fille pense. Stitch voyait les filles comme des horloges faites de rouages complexes : tout ce qu’il avait à faire, c’était s’y intéresser, et tout aurait du sens.

Stitch : - Je veux dire est ce que c’est moi le problème ? Est ce que je suis fou de vouloir une vrai relation ? Je sais que c’est pas comme dans les films mais, je sais pas, je sens que ça existe quand même, quelque part, et que je suis censé attendre que ça arrive. Mais quand elle s’est déshabillée mon cerveau a déconnecté, et j’ai pas réussit à lui parler, alors peut-être que je suis juste comme tous les autres mecs au fond, peut-être que je sais pas dire les bonnes choses pour avoir l’air sérieux.

Stitch se pinça la lèvre pour se rappeler qu’il fallait laisser les gens répondre. Il ne voulait pas embêter sa sœur avec autant de questionnements, surtout aujourd’hui. Elle avait sûrement plein d’histoires à raconter, et il était là, à la saouler avec ses histoires. Mais ça lui avait tellement manqué de pouvoir parler comme ça qu’il en oubliait les bonnes manières.

Stitch : - Excuse moi, ma tête est un peu dans tous les sens…. Tu m’as manquée aussi !

Après le petit commentaire sur sa taille, il ne put s’empêcher de dire une connerie. C’était bien le seul avantage qu’il avait eu : ne pas être petit. Manquerait plus que ça. Déjà qu’il restait maigre même en se musclant, alors il était bien content d’avoir chopé un p’tit trait génétique tolérable.

Stitch : - C’est parce que tu es partie, les parents m’ont fait manger pour deux pour compenser. Les premiers mois maman était tellement stressée qu’elle cuisinait tout le temps. Il y avait tellement de nourriture, tellllement de nourriture !

Evidemment, il plaisantait. Mais ça lui avait manqué de pouvoir dire des bêtises librement. Et c’était vrai que leur mère avait un peu pété les plombs quand Liloo était partie. Elle était devenue la mère obsessive et protectrice par excellence, lui demandant toujours ou il allait, avec qui, à quelle heure il rentrait, etc. Un délire. Elle avait voulu faire ses devoirs avec lui, faire du vélo avec lui, aller au cinéma avec lui… dans un sens, ça lui manquait un peu. Maintenant que Larry était avec sa mère, il n’avait plus eu ce genre de moments. Mais quand il était ado, ça avait été un peu agaçant d’avoir constamment sa mère sur le dos.

Stitch : - Mes études euuuh je fais un master de robotique, c’est surtout des maths et plein de physique, je fais surtout des cours par correspondance mais je vais a des cours supplémentaires des fois, avec des vrais gens, tout ça… et je bosse à la librairie aussi oui, pour tenir compagnie à papa. Et toi alors, t’as visité quels pays ? T’as rencontré des gens connus ? T’as vu des fêtes de folie ? T’as pensé à moi ?

Stitch ne voulait pas parler de l’accident et allait tout faire pour éviter le sujet. Son esprit était donc allé vers des sujets plus simples et plus sympathiques. Il s’était tellement imaginé la vie de sa sœur, surtout quand elle avait commencé à apparaître dans les magazines. Il aurait tué pour être à ses côtés et vivre tout ça au lieu d’être coincé à Galway….

Liloo ne s'attendait pas vraiment à avoir ce genre de conversation avec son frère. Mais bon, a croire que leurs retrouvailles étaient là pour ça.  La tatouée vient caresser tendrement le bras de son frère. Elle savait qu'elle le gênait avec ses questions, mais tant pis, de toute façon ils devaient parler tous les deux. Liloo offre un doux sourire à son frère, elle comprend ce qu'il veut dire.

- Je crois que c'est plus compliqué d'avoir ce qu'avait papa et maman... Mais tu dois pas avoir honte d'avoir des coups d'un soir, tu sais, c'est pas une honte.. Je crois que j'ai eu principalement que ça...

Liloo avait eut beaucoup d'aventures, jamais des choses sérieuses, c'était peut être pour ça d'ailleurs que Liloo était autant flippée de ses sentiments naissant envers Ethan. Elle essayait de les réprimer d'ailleurs, parce que c'était le vaste inconnu et bien trop effrayant.

- Peut être que tu devrais essayer une autre application plus sérieuse avec des gens qui recherchent exactement la même chose que toi ? Tu sais, ça existe encore des gens romantiques comme tu as envie d'être et peut être que si t'as envies ou besoin d'une petite aventure tu peux toujours rappeler la demoiselle pour t'amuser... Parce que t'as le droit, et sans te prendre la tête Stitch...

Elle sourit une nouvelle fois amusée, elle glisse doucement sa main dans les cheveux de son frère et  défait ses jolies bouclettes. Elle regarde ensuite son frère et essaye de le calmer dans son monologue.

- Hey, regarde moi... Regarde moi et respire un grand coup... Non, ce n'est pas toi qui déraille, c'est la société. La mode n'est plus au mariage, mais qui sait ? Peut être que ça reviendra ?  Mais je crois que t'as aussi des besoins et c'est normal, en même temps, elle était pas dégueulasse et je t'avoue que je crois que j'aurai eu la même réaction que toi si elle s'était déshabillée devant moi... Alors arrête de te sentir coupable ! S'il te plait, t'as le droit sans que personne ne te dise rien...

Dans un sens, elle était contente de voir que son frère ne restait pas dans son coin sans aucune interaction sociale.

- C'était bien au moins ?  

Elle lui sourit et rit légèrement, ca lui fait vraiment du bien de pouvoir retrouver son cadet, et il lui avait réellement manquer. Elle se pince les lèvres.

- J'imagine, mais tu t'es pas trop épaissie tu sais, tu es maigre comme un coucou !

Quoi que, c'était peut être un trait de famille, Liloo avait souvent focalisé sur son poids. Elle écoute son frère avec attention et se pince doucement les lèvres.

- J'suis allé dans le monde entier, je crois que j'ai pas visité le Groenland. J'ai fait des voyages humanitaires, j'étais bien, j'ai pu donner de mon temps à faire quelque chose de bien...

Liloo sourit tendrement et laisse un petit ange passé.

- Mhh ouais j'ai rencontré quelques célébrité, j'ai encore quelques numéros et j'ai quelques amis qui son célèbre, si ça te dit je pourrais t'en faire rencontrer...

Elle sourit encore et fini par s'allonger.

- J'suis désolée, on aurait dû se revoir avant mais... j'étais pas vraiment dans un super état, j'avais pas envie que tu me vois dans mon fauteuil...

Et surtout très dépendante, elle qui était vraiment indépendante c'était un comble.

- Papa m'en a pas voulu que je m'en aille à ce qu'il m'a dit, mais j'imagine qu'au fond il ne veut pas me dire la vérité...  Je sais que j'vous ai briser le coeur et je suis désolée...

Et Liliane le pensait vraiment, elle était vraiment désolée de leur avoir briser le coeur.

Stitch était mortifié de parler de sexe à sa grande sœur. Elle venait de le prendre sur le fait, c’était clairement difficile d’éviter le sujet. Mais à qui d’autre aurait il bien pu en parler ? Il était d’ailleurs quelque peu rassuré d’entendre Liloo dire qu’elle avait essentiellement fait la même chose. Des relations sans attaches, sans déceptions… c’était peut-être pas la fin du monde après tout. Même si Stitch ne pouvait s’empêcher de toujours vouloir plus. Il avait lu tant de statistiques sur les autistes et les relations amoureuses que ça l’avait perturbé. Il ne voulait pas être un statistique. Il voulait pouvoir sortir de sa tête cinq minutes et respirer. Et Liloo avait toujours été douée pour lui rappeler quand le faire. C’était juste apaisant d’être avec elle. Elle était un peu le ying de son yang. Ou l’inverse. Stitch se calma donc un peu, fermant les yeux, concentré sur sa respiration le temps que son cerveau cesse d’aller à mille à l’heure. Zen. Calme. Zen. Zen. Zen… Il rouvrit ensuite les yeux et ne pu s’empêcher de rire de la situation. Le fait d’être là, en compagnie de sa sœur, ça lui rappelait leurs souvenirs d’enfance. Cela lui rappelait les forts en draps qu’ils construisaient parfois dans sa chambre ou dans le salon. Cela lui rappelait quand tous les deux, ils s’amusaient à faire des ombres avec leurs mains et une petite lampe torche. Des ombres de loups et de papillons, sûrement comme tous les gosses du monde. Les temps avaient bien changés et eux avaient bien grandit, comme leurs sujets de discussion. D’ailleurs, sa sœur semblait insinuer qu’elle aurait aussi été intéressée par la fille, ce qui était une info plutôt nouvelle pour Stitch de se dire que sa sœur était bisexuelle, ou un truc du genre. Il se décida à ne rien dire à ce sujet parce que ça ne changeait rien pour lui, et puis… parce qu’il ne savait pas quoi dire sur ces sujets là ! Il avait déjà du mal avec les relations hétéros alors les autres, au secours ! Il préféra continuer de respirer pour ne pas repartir dans un monologue sur les relations. Sa sœur avait raison, il ne devait pas se sentir coupable pour du sexe. C’était censé être positif et relax. Deux concepts qu’il avait parfois du mal à assimiler. Il referma donc les yeux lorsque sa sœur lui demanda si c’était...cool. Naaan la honte. Il n’était pas capable de juger si c’était bien ou pas bien. Il ouvrit un œil sur deux, regardant sa sœur avant de refermer les deux yeux pour répondre. Il ne pouvait pas la regarder dans les yeux en disant ça.

Stitch : - Oui… ? Oui. Oui c’était cool.

Liloo et Stitch parlèrent un peu de ses études et des voyages de Liloo, et de tout ce qu’il avait manqué. Comme il aurait aimé pouvoir partir avec elle… mais il était trop jeune a l’époque et puis, elle ne lui aurait sûrement pas demandé… elle voulait sûrement faire sa vie tranquille, et c’était presque compréhensible. Presque ! Parce qu’égoïstement, Stitch aurait voulu avoir sa grande sœur. Tout comme il aurait voulu que ses parents restent ensemble. Il trouvait ça nul d’avoir des bouts de famille partout, et dans tous les sens. Et des moments comme celui ci lui avait manqué quand Liloo avait disparu. Il faut dire que tout le monde autour de Stitch l’a ressenti ainsi : comme une disparition. Que ce soit leur mère, leur père... tout le monde avait en premier lieu eut l’impression qu’elle allait revenir à n’importe quel moment. Qu’elle allait juste ouvrir la porte un jour, et que tout allait redevenir comme avant. Mais ce moment n’était pas arrivé. Jour après jour, semaine après semaine, mois après mois… sa disparition était devenue une évidente absence lourde de conséquences. Le sentiment de l’avoir perdue s’était ensuite installé, et tout était partit en vrille. Mais Stitch préférait éviter les sujets tristes, même si sa sœur n’allait pas tarder à y venir. Pour l’instant, ils avaient parlés voyages et célébrités.

Stitch : - Si tu connais des musiciens ça m’intéresserait ouai ! Grave !

Une petite lueur s’était installée dans ses yeux et il avait été un peu trop enthousiaste. Mais ce n’était pas l’aspect célébrité qui l’intéressait, plutôt de partager un peu la vie de sa sœur qui avait l’air bien plus cool que la sienne. Liloo ne tarda pas à reparler de son accident, et il du bien se rappeler qu’elle avait eu des challenges qu’il n’aurait pas aimé vivre. Il n’aurait pas détesté l’aspect chaise roulante tant que c’était temporaire, il aurait presque trouvé ça cool si ça lui arrivait à lui. Mais voir sa sœur dans un sale état, ça aurait sûrement été trop choquant pour lui, et il aurait eu cette image d’elle encré dans sa tête pour toujours.

Stitch : - T’as pas a être désolé, sinon je dois l’être aussi, alors on a qu’à se dire que c’était mieux comme ça. Comme ça, on peut faire comme si c’était pas arrivé. Ou comme si, comme si t’allais bien…. Parce que j’espère que tu vas bien… tu vois ?

Il soupira. Il faisait sûrement une gaffe en disant ça. Elle n’avait peut-être pas envie de faire comme si tout allait bien. Mais c’était sa façon à lui de se protéger, et il essayait de rallier des gens à sa cause. C’était plutôt cool de vivre au pays imaginaire, quoiqu’on puisse en dire. Leur père aussi avait un peu l’art d’avoir toujours l’air d’aller bien, et c’était rare de le voir avec une mauvaise mine. Stitch avait vécu essentiellement collé à son père et avait toujours voulu l’imiter petit. Il avait donc peut-être chopé ce trait inconsciemment, mais ça l’aidait beaucoup dès qu’il devait gérer une crise. Ou dès qu’il était stressé. Dès qu’il se sentait devenir trop négatif, etc. Mais vu la dernière phrase de sa sœur, ça allait être dur de lui faire une réponse positive. Si elle voulait vraiment savoir comment leurs parents s’étaient sentis… ça allait être compliqué. Il s’était passé tellement de choses, tellement d’engueulades entre eux pendant les repas… Même si ils avaient essayés d’épargner leur fils, il avait tout de même entendu pas mal de choses. Mais il ne voulait pas que sa sœur se sente encore plus mal. Et voulait que tout ça soit fini et que la vie normale revienne. Il regarda donc sa sœur bêtement, ouvrant la bouche sans que rien ne sorte, avant de la refermer en regardant le plafond. Que dire ? Leur père n’en avait jamais voulu à Liloo, ça s’était sûr. Quand leur mère avait voulu appeler la police pour la forcer à revenir, leur père l’en avait empêché. C’est pour ça que Stitch savait qu’il n’avait pas de problème à laisser sa fille tranquille quelques temps. Mais leur mère lui avait reproché ça, et lui reprochait sûrement encore. Et disons que ça n’avait pas aidé leur relation du tout. Pendant des mois, toutes leurs discussions tournaient autour de Liloo. Stitch s’était retrouvé à tant de repas les yeux rivés sur son assiette, à essayer de manger le plus vite possible pour sortir de la situation...

Stitch : - Tu vas pas aimer si je répond…  alors je sais pas….

Il fixait toujours le plafond, essayant de se faire 40 phrases différentes dans sa tête pour en trouver UNE qui serait tolérable à entendre. Mais le plafond n’était pas très inspirant. Et puis c’était dur de trouver les mots justes quand on parlait de sa propre famille. Il y avait tellement d’émotions dans l’air, tellement de secrets et de non dits. Stitch avait été le témoin de bien des problèmes entre ses parents, mais le départ de sa sœur avait été la goutte d’eau. Le problème était donc bien plus profond qu’un simple brisage de coeur collectif, et Stitch n’était pas sur que toucher trop au passé soit une bonne idée.

Liloo s'était elle aussi allongée sur le lit à fixer le plafond, a croire que c'était peut être meilleure position du monde pour réfléchir. Elle posa doucement sa main sur le bras de son frère et fini par se mettre sur le flan pour l'observer.

- Tant mieux alors, t'as le droit de recommencer autant que tu le veux avant de trouver pour de bon quelqu'un... Laisse toi du temps, laisse toi allez Charlou...

C'était encore plus rare quand elle l'appelait ainsi. Liloo ne put s'empêcher de rire doucement. Ils avaient un musicien dans la famille, mais peut être que Charles ne le voyait pas assez.

- Tu sais Chuck, le mari d'Esther est quand même un musicien et surtout chanteur dans un groupe assez connu... T'es déjà allé le voir ? Mais oui, j'ai des numéros dans mon carnet d'adresses... T'as envie de faire de la musique ?

Elle ne peut s'empêcher de sourire tendrement. Après tout, il n'était plus du tout le frère qu'elle avait quitté quelques années plus tôt. La tatouée se pince ensuite les lèvres. Elle n'avait pas voulu que son frère la voit dans un état lamentable. Maintenant elle allait beaucoup mieux et elle allait pouvoir rattraper le temps perdu. Liloo savait que son frère répondait sans forcément avoir de filtres. Elle savait qu'elle avait brisé le coeur de sa famille en partant. Elle se redressa et vient prendre doucement son frère dans ses bras et déposa un baiser contre sa joue. Peu importe s'il n'aimait pas trop ça mais ça lui avait tellement manqué.

- Je sais que de toute façon, quoi que tu répondes là dessus, ça ne me plaira pas... J'ai pas vraiment envie de partir de nouveau... Enfin, pour l'instant en tout cas... Je suis... bien ici même si je me sentais pas vraiment bien chez... Larry...

Ouais, Liloo n'aimait pas vraiment Larry et c'était réciproque d'ailleurs. Les commentaires qu'il lui avait fait n'avait pas été du goût de la blonde. Elle se mordit doucement la lèvre inférieure et desserra l’étreinte autour du corps de Charles.

- Je te demande pardon pour tout ça, pardon d'avoir tout briser... Pardon pour tout le mal que j'ai pu causé... Et je sais que t'as dû endurer tout ça... Pardon vraiment...

Elle pose tout doucement sa main sur la joue de son frère qu'elle caressa avec une infinie tendresse.

- J'ai toujours beaucoup pensé à toi... J'ai toujours eu une pensée pour toi mais je savais pas vraiment comment revenir... J'avais du mal après tout ce temps, même pour envoyer une message... Je... c'est compliqué... Enfin, je sais même pas si tu peux comprendre... Je ne me comprends pas très bien moi même en fait... Je t'ai écrit beaucoup... Mais elles sont restées sans être envoyées...

Elle lui envoyait des cartes au début et des messages et petit à petit c'était devenu plus rare. Le visage de Liloo se fit plus triste et elle déposa un nouveau baiser contre la joue du brun. Tant pis si ça ne lui plaisait pas, elle préférait se cacher plutôt que d'affronter son regard.

- J'suis pas très douée pour les excuses et les retrouvailles je crois...

Elle avait toujours essayé de faire bonne figure devant son cadet, mais pas aujourd'hui, elle avait trop à pardonner. Elle essaya de se reprendre avant de doucement ajouter.

- Tu veux que je t'aide à rencontrer d'autres filles ? Peut être que dans le lot, se trouvera celle qui fera ton bonheur pour de bon... et pourquoi pas... t'amuser en attendant de la trouver ? Je crois... que ça ne peut que te faire du bien et promis, pas un mot à papa...

Ca pouvait devenir leur petit secret et puis... Liloo voulait que son frère trouve le bonheur. Elle voulait qu'il vive ce qu'elle ressentait lorsqu'elle était auprès d'Ethan.

Stitch aka Charles avait lu bien des livres de voyageurs qui se lançaient a l’aventure et parlaient de leurs nombreuses rencontres toutes plus farfelues les unes que les autres, et c’est pour ça qu’il parlait à sa sœur de célébrités, imaginant qu’elle avait du vivre des trucs dignes de romans Beatnicks ou de Road movies à l’américaine, à la Kerouac et Bukowski. Ce n’était pas le monde des célébrités qui l’émerveillait tant, mais le fait que sa sœur avait sûrement bien des histoires à raconter. Comme ça, il avait un peu l’impression d’avoir été là aussi. Stitch faisait comme sa sœur et fixait le plafond en la regardant de temps en temps. Il savait bien qu’ils avaient un musicien dans leur famille, mais c’était une partie de la famille qui avait une histoire à part à laquelle il n’aimait pas penser. Ce n’était pas contre Esther et d’ailleurs, ce n’était contre personne. C’était juste bizarre comme situation. Il la voyait presque comme une cousine distante qu’il ne connaissait pas assez. Mais pour lui, une sœur aurait du être dans sa vie, pas à des kilomètres. Et maintenant qu’ils étaient dans le même pays, le temps avait passé, et c’est comme si c’était trop tard pour avoir le style de relation qu’il avait avec Liloo. C’était stupide de penser ainsi et il le savait bien, mais dès qu’il était avec Esther ou son mari, il se retrouvait bloqué, tétanisé intérieurement par ses propres pensées.

Stitch : - Oui je sais que son mari fait de la musique mais... je voulais pas être le petit frère chiant et m’incruster… je sais qu’ils ont pas besoin de moi et je me sens nul à côté… et puis Esther… déjà que je la vois pas vraiment… je veux dire, je sais que c’est notre sœur, mais c’est quand même bizarre, je sais jamais quoi lui dire… c’est comme si on se connaissait sans se connaître. Mais peut-être que si c’est toi qui leur demande….

Stitch avait toujours eu tendance à demander à sa sœur de faire les choses à sa place. C’était juste plus simple, surtout quand ça touchait au social. Et Stitch n’avait jamais été très proche de Esther, par sa propre faute. Il avait du mal à accepter que son père avait eu un autre vie avant eux, et du mal à connecter avec cette demi-sœur avec qui il n’avait pas grandit. Il l’aimait sans se poser de questions comme tous les membres de sa famille, mais il était souvent bloqué lorsqu’il se retrouvait face à elle, ne sachant pas par où commencer. Il n’avait jamais été très doué pour mener les conversations. Il n’avait jamais su poser des questions sans se sentir indiscret, et c’était plus fort que lui. Petit, il était plutôt caché dans les bras de sa mère ou de son père lorsqu’Esther était avec eux, trop timide pour ouvrir son monde à une nouvelle sœur. Maintenant qu’ils étaient tous adultes, ils se voyaient simplement… peu, voir jamais. En plus, Stitch se sentait incapable de franchir le pas et de partager son amour pour la musique. C’était trop personnel. Chaque musicien avait ses sons de prédilection, et il avait peur que ça se passe mal là dessus. Il avait peur qu’on le dégoute d’une de ses passions. Stitch n’arrivait pas à se foutre du regard des autres, et ça l’angoissait souvent d’y être confronté. Sa pire hantise, c’était qu’on ne l’aime pas. Sa logique était donc qu’il valait mieux rester tout seul plutôt que de passer pour un con auprès de gens qu’il admirait.

Stitch : - Peut-être juste pour jouer avec lui une fois… je sais que tu m’as pas vraiment entendu jouer a part quand j’apprenais mais... je suis devenu pas trop mal… enfin, je pense. J’aimerai juste avoir un autre avis que celui de papa… un avis plus… objectif… je pense que ça pourrait m’aider.

C’est vrai que sa sœur ne l’avait pas vu depuis un bail, ou elle l’aurait plus souvent vu en compagnie d’une guitare plutôt qu’une fille. C’était en jouant qu’il était le plus heureux, car c’était la seule évasion mentale qui marchait vraiment à tous les coups. Il écouta sa sœur en regardant calmement le plafond, et leur discussion continua donc jusqu’au sujet fatidique : le départ de Liloo. Car bien qu’elle soit là, elle disait ne pas vouloir repartir...pour l’instant. Comment ça ‘pour l’instant’… C’est pas ce qu’il voulait entendre ! Elle n’allait pas lui refaire le coup et lui écrire des lettres qu’il ne recevrait jamais… c’était pas assez. Il voulait arrêter de se dire que tout le monde allait finir par l’abandonner. Il avait déjà assez d’angoisses. Sa sœur avait le droit de partir en vacances mais elle n’avait pas intérêt à déménager ailleurs. Plus maintenant. Ils avaient déjà perdu trop de temps, et rien que l’idée de la perdre déclencha un câlin immédiat. Stitch mis son bras autour de sa sœur et la serra fort. Il ne voulait plus penser à tout ça. Il voulait juste qu’elle reste là et qu’ils soient heureux sans avoir à s’en vouloir sur quoique ce soit. Il s’écria donc un peu fort en serrant sa sœur dans ses bras, le coeur gros, de peur qu’elle ne disparaisse à cause de leur connard de beau-père, vu qu’elle venait de mentionner son nom. Il faut dire que lui aussi avait été plutôt traumatisé par l’expérience.

Stitch : - On s’en fous de Larry, pars plus, pars plus s’il te plaît…

Liloo disait elle même qu’elle avait tout brisé, alors elle n’avait pas le droit de recommencer. Stitch ne voulait pas imaginer devoir vivre un autre bout sans elle, c’était juste trop difficile.Leur temps était déjà trop divisé pour qu’elle le vole à nouveau. Stitch avait un peu les larmes aux yeux, mais il y avait des sujets qui faisaient mal vite et bien, et la famille était son point faible.

Stitch : - Ouai ben pars plus comme ça t’auras plus jamais à gérer des retrouvailles ! Et je veux lire les lettres si tu les as encore !

Les larmes se transformèrent en rire, parce qu’il savait bien que sa sœur allait n’en faire qu’à sa tête quoiqu’il dise. Après tout, c’était elle l’aînée. Mais il espérait que ses mots allaient quand même résonner un peu en elle. Peut-être que ça serait suffisant pour la faire rester. Et si elle voulait l’aider à rencontrer des filles comme ses dernières paroles l’indiquait, il comptait bien sauter sur l’occasion pour lui donner une raison de rester. Histoire qu’elle voit qu’il avait bien changé, et pas que physiquement. Il voulait qu’elle soit fière de lui et pour ça, il fallait qu’elle soit là ! C’était peut-être bizarre à son âge que sa sœur lui présente des filles. Mais peut-être que dans le lot… dans le…lot...hum… c’était bizarre de dire ça aussi. Sa sœur avait carrément des lots de filles sous la main. Bon. Okay. Il s’y prenait vraiment mal pour en avoir connu que deux… ou trois. C’était un peu le moment qu’il avait voulu vivre toute sa vie : que sa sœur lui propose de lui présenter du monde. Mais maintenant que ça arrivait pour de vrai, il n’était pas sûr que le côté blind date soit l’idéal. Dans un sens elle le connaissait mieux que tout le monde. Et c’était sûrement moins aléatoire que Tinder. Mais est-ce qu’il n’allait pas passer pour le mec qui peut pas trouver par lui même ?

Stitch : - Je veux bien mais ça fait pas un peu… désespéré ? Je veux dire, même si c’est vrai…

Difficile de savoir ce qui plaisait aux filles après tout : il avait lu de tout sur les applications de rencontre. Surtout des trucs très bizarres. Plein de mots qu’il avait eu du mal à comprendre sans l’aide de google. Il avait un peu peur de tomber sur des gens comme ça dans la vie. Des gens avec des goûts super bizarres et compliqués. Dans la vie, il n’y avait pas de profil à consulter. Entre internet et les disparitions à Galway, la paranoïa de Stitch était un peu montée d’un cran lorsqu’il s’agissait de nouvelles rencontres. Mais maintenant que sa soeur était la pour l'aider, il allait peut-être pouvoir se décider à devenir un peu plus social ! En tout cas, entre la musique et les filles, Stitch était déjà on ne peut plus enthousiaste malgré ce qu'il pouvait en dire.

Liloo se pinça les lèvres en entendant son frère parler d'Esther et de son mari. Ouais, elle pouvait comprendre ce que ressentait son cadet. Elle ne pouvait pas lui en vouloir et puis elle savait bien qu'il avait du mal avec les codes sociaux. Et puis Esther était rentrée dans leur vie tardivement. La blonde se pinça doucement les lèvres.

- C'est pas grave, je comprends ce que tu veux dire, mais je pense qu'Esther peut comprendre et son époux aussi. Mais faut pas que tu te mette la pression... Peut être qu'on pourrait essayer de passer du temps avec eux... et oui, je peux leur demander si tu veux...

Elle le faisait souvent quand ils étaient jeunes, c'était devenu presque normal pour Liloo. La tatouée n'avait jamais eu de mal à accepter Esther ainsi que le passé de son père. Elle trouvait même ça bien d'avoir une demi soeur. Ils étaient bien là allongés l'un à côté de l'autre et elle regarda son frère qui semblait plus intéressé par le plafond.

- Va falloir que tu me fasses écouter tout ça alors... Ce serait cool et même, j'aimerais bien t'écouter jouer avec Ivy, j'suis sur qu'il pourra t'aiguiller et être honnête avec toi et même t'apprendre deux - trois ficelles du métier... Enfin, je pense... et oui, je lui demanderais, je te le promets !

Elle se promit d'envoyer un message à sa soeur, en espérant qu'elle ne le fasse pas trop tard. Elle vient se serrer contre son frère, profitant du câlin. Ouais, ça faisait du bien ça. Liloo senti son coeur se briser en l'entendant la supplier de la sorte. Ok.. Il fallait qu'elle se rende à l'évidence, elle brisait le coeur de son frère. La tatouée essuya les larmes sur le visage de son cadet.

- Ok ok Charles, je te promets de plus partir... Je vais essayer de m'intégrer mieux ici, je vais faire en sorte que les choses se passent bien mais pleure pas d'accord ?

Elle détestait faire pleurer les gens, mais elle se détestait encore plus quand il s'agissait de faire pleurer son frère. Elle se promis de ne plus leur briser le coeur, elle se redresse pour embrasser le front de son cadet.

- J'ai fais rapatrier mes affaires donc oui, tu pourras les lire de toute façon, tu pourras les garder, elles t'appartiennent...

Elle avait presque envie de pleurer elle aussi, mais Liloo savait qu'elle devait garder une certaine contenance. Elle irait au garde meubles demain pour lui donner tout ce dont elle lui avait acheter et écrit. Elle n'avait jamais envoyé tout ça, mais peut être qu'elle aurait dû, ne serait ce que pour réconforter son frère.

- Ben, on peut essayer et on verra ? Après ce sera à toi de faire une grosse partie du boulot... Mais t'es beau comme un cœur mon petit Stitch et puis... J'crois qu'on trouvera une fille qui succombera à ta bouille...Après, il faut pas que tu t'attendes à trouver tout de suite la bonne... Mais au moins quelques rencards et pourquoi pas t'amuser un peu avec elles selon ce qu'elles recherchent...

Elle ne peut pas s'empêcher de pincer gentiment sa joue. Elle se mordit la lèvre inférieure.

- Mais.. j'espère que tu ressentiras ce que je peux ressentir pour un mec qui vit ici...

Liloo sentit ses joues chauffer... Bordel de merde, elle rougissait.

- Tu sais, j'ai eu pas mal d'hommes et de nanas dans ma vie... Mais... quand je suis en compagnie d'Ethan, ça n'a rien à voir tout ce que je ressens... C'est complètement différent... et j'ai envie que tu trouves une nana qui te fera le même effet... Bon, j'sais même pas si ça s'fera un jour avec Ethan, mais... J'en pince pour ce mec et même si ça s'fait pas... J'aime l'effet que ça fait...

Elle se sent devenir écarlate. C'était la première fois qu'elle parlait d'Ethan à quelqu'un, encore plus de ses sentiments. Elle n'était même pas sûre que le Sanders ressente la même chose qu'elle. C'était tellement... Complexe.

Alors qu’il écoutait sa soeur qui le rassurait, encore et toujours, Stitch essayait de retrouver chez elle toutes ses petites mimiques qu’il connaissait, jadis, par coeur. Tout ça lui avait tant manqué. Pouvoir l’écouter autrement que par le biais d’un téléphone. Pouvoir la voir. Il faut dire que Stitch avait souvent besoin d’avoir la personne en face de lui pour pouvoir la comprendre. Il analysait tout et ce malgré lui. Mais c’était la seule façon qu’il avait trouvé pour gérer son autisme et développer son désir d’empathie. Il s’ouvrait plus facilement lorsqu’il lui semblait pouvoir déceler les intentions de ses proches. Mais avec Liloo, c’était si compliqué. Il avait l’impression de devoir recommencer à zéro tant elle avait changé physiquement. Entre les tatouages et les années en plus, c’était comme s’être retrouvé propulsé dans le futur d’un coup. Stitch avait, inconsciemment, toujours gardé l’image de sa soeur d’avant son départ, préférant cette version là plutôt que celle des magazines. Et elle avait beau lui promettre de ne plus jamais partir, il essayait d’enregistrer dans son esprit tous les détails de son ‘nouveau’ visage. Juste au cas où. Parce que si elle avait besoin de s’intégrer pour rester, ça ne le rassurait pas du tout. Lui ne s’était jamais intégré nulle part. Mais lui, il était resté! Bon… Faut dire aussi qu’il n’avait pas eu le choix. Mais quand même. Sa soeur avait beau tout faire pour le rassurer, il n’était pas sûr qu’elle allait tenir ses promesses. Et il détestait avoir ce genre de pensées négatives envers celle qu’il adorait plus que tout. Il ne lui en voulait même pas, il avait juste… peur. Peur de se retrouver encore une fois tiraillé entre leur deux parents si elle repartait. Peur que tout recommence à zéro. Peur que ce moment ne devienne qu’un souvenir gâché par la vie. Voilà tout ce qui lui passait par la tête lorsque sa soeur lui parlait de tout autre chose. De Esther, de Ivy, et puis des filles. Il avait certes, décroché un peu vite et s’était perdu dans son esprit, et dans la conversation, mais il souriait à sa soeur et acquiesçait lorsqu’il récupérait le fil. Oui, il était prêt à faire écouter sa musique à sa soeur, et à Ivy. Et oui, il était, peut-être… prêt à ce que sa soeur lui présente des filles.

Stitch ne put s’empêcher de rougir en entendant les compliments de sa soeur. C’était comme quand son père ou sa mère lui disait qu’il était mignon. Dans un sens, ça le rassurait de se dire qu’il pouvait plaire. Mais dans l’autre sens, il sentait bien qu’il devait miser sur son physique et qu’on le trouverait chou, mignon, des mots pas très virils quoi. C’est d’ailleurs pour ça que Stitch s’était mis à la musculation dans un élan pathétique de ressembler à son père, avant de réaliser que bon, même s’il prenait des muscles, sa tête resterait toujours celle d’un adolescent, et il s’y était fait. Pour cette même raison, il était hors de question qu’il se coupe les cheveux. Parce que visiblement, ça plaisait bien aux filles qu’il ait une touffe bouclée qui ressemble à rien. Autant mettre toutes les chances de son côté hein ! Stitch se cacha donc à moitié dans ses cheveux et à moitié dans ses mains en attendant la fin du compliment et la fin de la phrase de sa soeur. Il était mortifié. Dès qu’il devait parler d’amour ou de sexe, il avait l’impression d’être le dernier des imbéciles. Peut-être parce qu’une fille s’était foutue de lui lors de sa toute première fois, et qu’il n’avait aucun repère clair sur ce sujet. Clairement, se baser sur les films avait été une erreur, vu que la vie ne ressemblait pas aux films avec lesquels il avait grandit. Mais il ne pouvait pas non plus se baser sur son expérience qui balançait entre le néant et le distordu. Misère !

Stitch: - Ouai, on peut essayer et on verra…

Stitch avait tant envie de dire à sa soeur qu’il ne voulait pas faire plein de rencards et que c’était une torture de trouver quoi dire. Il avait donc bêtement dit oui en répétant comme elle. Il en avait marre d’entendre tout le monde parler de s’amuser alors que pour lui, l’amour, c’était une affaire de sérieux ! En tout cas, c’est ce que son père lui avait mis en tête. Qu’un homme devait être sérieux et savoir ce qu’il voulait. Mais bon, le monde moderne était pas du même avis. Tout le monde semblait vouloir s’amuser s’amuser s’amuser… même sa soeur. Quoique. Elle se mit à lui parler d’un mec qui vivait ici, ce qui attira fortement sa curiosité. Peut-être que c’était ça, la clé pour la faire rester ! D’un coup, Stitch fut bien plus rassuré, mais ne tarda pas à rougir lui aussi lorsque sa soeur lui dit qu’elle avait connu ‘pas mal d’hommes et de nanas’. Ah. Stitch détourna le regard de sa soeur avant d’avoir des flashs d’images bizarres dans sa tête. Il regarda le plafond, complètement focalisé sur cette information plutôt que sur le nouveau mec potentiel de sa soeur. Décidément, il avait vraiment du retard sur les relations.

Stitch: - J’ai envie de retenir le fait que même ma soeur a connu plus de filles que moi, mais BON ! Je suis content pour toi…

Stitch s’était écrié et avait regardé sa soeur avait de rire. Evidemment au fond, c’était pas grave du tout. Mais il lui fallait quelques secondes pour enregistrer que sa soeur faisait un coming out comme ça, sans prévenir, au calme. Et non, il n’était pas choqué. Il réalisait juste qu’encore une fois, les autres avaient plus vécus que lui. Il se retourna ensuite vers sa soeur, décidé à ne pas la lâcher tout de suite, même quand elle lui balançait une pluie de bonne nouvelles alors que lui n’en avait aucunes. La vie la vie, elle est injuste j’vous dit !

Stitch: - Alors qu’est ce que ça fait l’amour? Je veux dire, qu’est ce que ça change vraiment, comparé aux autres gens? Pourquoi lui? Tu vas rester avec lui? Ça ne te dérange pas d’avoir tout le temps quelqu’un à qui il faut écrire ou parler?

Conscient que son mode de fonctionnement à lui était différent des autres gens, Stitch avait souvent essayé d’analyser comment les autres voyaient le monde, et l’amour semblait y prendre une place importante. Mais lui même n’était pas certain de pouvoir définir ce que c’était, et d’après les paroles de sa soeur, elle avait l’air sacrément proche de ce sentiment. Il fallait donc enquêter là dessus et lui poser plein de questions. Et puis comme ça, lui n’aurait pas à parler de ce sujet qui le paralysait depuis toujours : les filles !

Bien sur que Liloo s'en voulait d'être partie comme ça, d'avoir laissé son frère derrière elle. Mais elle avait eu la sensation d'étouffer en arrivant à Galway, ça avait été plus fort qu'elle de partir. Elle aimait énormément son frère mais elle avait pensé à elle. Peut être qu'elle n'aurait pas dû partir comme ça. Les larmes de son frère lui avaient brisé le coeur, heureusement qu'elles s'étaient asséchées. La tatouée offrit un doux sourire à son frère et déposa un baiser contre son front.

- Mais si tu ne te le sens pas, faut me le dire d'accord ? On ne le fera pas

La tatouée serre son cadet contre elle, c'est plus fort qu'elle. Elle veut le réconforter, elle était capable de lui promettre Monts et Merveilles de toute façon. Bien sur, Liloo tiendrait sa promesse, elle essayerait de se faire à cette nouvelle vie à Galway.
Elle se mordit la lèvre inférieure, elle ne s'était même pas rendu compte qu'elle n'avait pas préparer son frère à une telle information... C'était tellement normal pour elle.

- Désolé, ben j'ai connu pas mal de filles oui, mais c'est pas un concours Chuck, j'ai jamais chercher ce que tu recherches, tout simplement parce que je n'arrive pas à me poser avec quelqu'un...

Enfin, jusqu'à ce qu'elle rencontre Ethan qui vient tout bouleverser, changement dans ses habitudes. Jamais elle n'aurait cru tomber raide dingue d'une personne, jamais elle n'aurait cru que ça aiderait à la faire rester en Irlande, elle qui avait sans cesse la bougeotte... Il avait tout remis en question, le fait de rentrer dans sa vie, lui avait donner d'autres ambitions, plus simple, plus réaliste. Elle ne voyait que par lui, mais peut être que Liloo s'emballait un peu trop rapidement et que la chute serait vertigineuse.

- Je suis sure que tu trouveras celle qu'il te faut, je n'en doute même pas... J'ai mis le temps avant de trouver Ethan et je t'avoue que ça me fait flipper... Pour ce que ça fait ? T'as le coeur qui bat bien plus fort quand la personne que tu aimes est là ou que tu lui écris ou je sais pas comment expliquer... je crois que je pourrais faire n'importe quoi pour cette personne là quitte à remettre en question certaines de tes certitudes... En fait, c'est assez nouveau pour moi je t'avoue... Mais je reste persuadée que toi aussi tu trouveras et tu découvriras ce que ça fait... C'est une sensation assez unique et indescriptible, j'ai pas envie de te gâcher ça sachant que je pense assez mal le décrire...

La tatouée serre son cadet contre elle, ne sachant pas si elle répond correctement aux interrogations du brun.

- Ca me gêne pas de tout le temps lui parler ou lui écrire, mais tu sais j'ai d'autres amis a qui je parle et j'écris, mais avec lui...C'est pas pareil, j'ai tout le temps envie de rester avec lui, de le cajoler... C'est presque plus fort que moi... Mais tu sais, si j'ai pas envie de lui parler, je ne suis pas obligée... Je veux dire, j'ai pas besoin de me forcer pour quoi que ce soit... D'ailleurs... faudrait que je te le présente... Je suis sûre que tu t'entendrais bien avec lui. Il est plus âgé que moi et il a un fils, je crois que je devrais te demander conseil le jour où il me posera une question sur la robotique, t'es bien plus calé que moi sur le sujet ! Mais je crois que ça pourrait être bien et tu sais, c'est vraiment quelqu'un de gentil, je reste persuadé que vous vous entendriez bien ! Mais je te préviens, s'il joue avec toi à la console, laisse le un peu gagner ! Je sais que t'es bien trop fort pour tous nous battre !

Elle ne peut s'empêcher de rire, elle était une mauvaise perdante et râlait a chaque fois que son frère avait gagné les parties haut la main. Bien sur, ça remontait à quelques années.

- Mais je suis sure que je me suis améliorée, on peut s'faire une partie après si tu veux...

En fait, elle n'avait pas retouché a une manette depuis des années ou alors ponctuellement.