Emmitt Noah Spinka — Un métier, une enquête, toute une vie.

Je suis sûr que c'est ce que vous attendez le plus n'est-ce pas ? Alors, prenez des notes (ou pas !) et c'est partie pour entrer dans ma vie.

Pour commencer, je vais vous épargner les détails de ma naissance, des années des couches et tout ce qui va avec. Déjà parce que je n'en ai plus de souvenir du fait du jeune âge de cette époque, mais également parce que j'ai été reformater dirais-je... Mais là, ça pourrait vous intéressé un peu plus non ? Oui ? Alors je vais vous raconter les quelques souvenirs que j'ai de mon enfance. Mais je vous préviens, tout n'est pas tout rose comme un enfant dit " normal ".

Je me souviens d'un soir après l'école, j'avais 6 ans. Une femme que je ne connaissais pas est venue me voir en me disant que maman était malade, qu'elle, elle était une collègue et que maman lui avait demander de venir me chercher à l'école. A cette époque, j'étais naïf, je l'ai donc cru. Cependant, je compris rapidement que je ne rentrais pas du tout à la maison. Je ne reconnaissais pas le chemin du retour puis, avant tout, on avait pas besoin de prendre la voiture, j'habitais à quelques rues seulement de l'école où j'étais scolarisé. On roula ce qui sembla être une éternité mais était-ce qu'une impression ou la vérité ? Suis-je resté assit dans cette voiture qui filait à toute allure pendant plusieurs longues minutes ? Plusieurs heures ? Je n'en ai aucune idée, en tout cas, plus le temps avançait, plus j'avais peur et je me mis même à pleurer. La femme essayait de me rassurer, me disant que là où on allait, j'allais bien m'amuser, que c'était une surprise et que jamais elle me ferai de mal.
Bien évidemment, vous l'avez sûrement compris, tout ce qu'elle me disait était faux. Mais je le compris qu'en arrivant dans cette ville que je ne connaissais pas, dans une maison toute aussi inconnue. Sans pouvoir la quitter.
En arrivant, un homme qui semblait quelques peu nerveux nous attendait. Il regardait partout autour de lui, surveillant la rue ainsi que les voisins autour, espérant qu'aucun ne regarde par la fenêtre à ce moment-là. Il me fit entré dans la maison en m'y poussant alors que je résistais, toujours en pleurant, désormais totalement terrifié alors qu'il m'aboyait dessus de me dépêcher. Et c'est là que mon cauchemar commença réellement.

Dans cette nouvelle maison, je fus séquestrer dans une chambre d'enfant. La porte était fermée à clef, des barreaux étaient au barreau, comme toutes les autres fenêtres d'ailleurs. J'avais une salle de bain dans la chambre. Le grand luxe. S'il n'y avait pas ses barreaux et cette fermeture constante de la porte. Souvent je les entendais s'engueuler. Ca me concernait la plupart du temps. La femme semblait plus douce, plus gentille. Elle m'apportait des plats que j'aimais, des vêtements, tout ce que j'avais besoin en soit. L'homme lui, était plus violent, je le voyais quasiment jamais à part pour me hurler dessus quand je faisais trop de bruit en tapant contre la porte.
Cette situation durant plusieurs mois selon les saisons qui défilaient de l'autre côté du carreau de ma prison dorée. Jusqu'au jour où la femme revenue, terrifiée me disant que tout était enfin fini. Et je ne revis ni entendis plus jamais l'homme. Sa femme m'expliqua qu'il était méchant et que la police l'avait arrêter. Allais-je enfin pouvoir sortir ? C'est ce que je pensais mais non. Enfin si, je sortis enfin de cette chambre, découvris la maison mais elle restait cependant toujours close. Je n'avais toujours aucun accès à l'extérieur mais je pouvais profiter de la vue du jardin par la véranda.
Suite à ça, elle commença à me donner des cours à la maison, une vie plus normale s'offrait à moi alors que les semaines, les mois passaient. Souvent elle m'expliquait la raison de ma venue dans cette nouvelle vie. Que mes parents avaient du partir à l'autre bout du monde et qu'ils lui avaient demander de s'occuper de moi, qu'ils étaient amis depuis longtemps et qu'il avait confiance en elle. Avec le recul, rien ne tenait réellement la route mais, à cette âge-là, cette explication me convenait. Surtout qu'elle me jurait que je les reverrais bientôt. Elle s'occupait bien de moi, j'avais tout ce que je souhaitais tant que je ne demandais pas à sortir. Mais plus je demandais, plus les histoires étaient incohérentes. Jusqu'à un certain jour. Mon " anniversaire ". C'était quelques choses que je n'avais plus habitude depuis tout ce temps. J'avais même perdu la notion du temps. Mais ce jour-là, fût le plus beau jour de ma courte vie. On est allé faire les courses. Ensemble. C'était ma première sortie depuis des mois et des mois. Quand je lui demanda comment elle savait que c'était aujourd'hui, elle me répondit que ça faisait 3 ans que j'étais entré dans sa vie tel un miracle. J'avais donc 9 ans. Je le savais désormais. On était le 1 Octobre 1996. Ma nouvelle date de naissance. Ce jour-là, j'avais eu le droit à tout. Les cadeaux que je souhaitais, aller jouer au parc, manger ce qui me plaisait. Et mes parents dans tout ça ? Je vous l'ai dis, j'avais gober cette histoire de départ précipité. J'étais un peu triste qu'ils ne soient pas là mais elle me gâta tellement qu'elle arriva à me faire penser à autre chose.

C'est à partir de ce jour-là que ma vie reprit une toute autre tournure. Je revivais comme tout enfant normal. Je retournais à l'école, me fit de nouveaux amis, plusieurs activités extra-scolaire également. J'avais rejoins le club " le p'tit journal " de l'école. Et c'est avec cette activité que je trouva ma voix pour ma vie future. J'aimais déjà écrire du haut de mes 10 ans. J'aimais bouquiner également. Cela va de paire à se qu'on m'a dit. En tout cas, j'écrivais tout le temps. Sur tous les sujets. D'ailleurs, vous vous en doutez, j'avais inévitablement un journal intime. Il ne me quittait jamais. Tout comme mon carnet que je remplissais au long de la journée. Et ça, ça n'a jamais changé. J'ai toujours un calepin et un stylo sur moi. Je note tout ce que je vois, ce que j'aime, ce que j'apprécie moins, mes rencontres, mais aussi le temps qu'il peut faire, mes sensations, et j'en passe...

Mon cursus scolaire se déroule alors normalement. J'enchaîne les bonnes notes. Les cours sont faciles pour moi. Enfin, dans le sens où j'aime lire, que je suis curieux ce qui m'aide à m'intéressé à un peu près tout. J'avais un peu plus de difficultés en mathématique étant moins littéraire mais pour le reste, les notes étaient toujours bonnes pour ne pas dire très bonne.
Les années passent, les expériences de la vie également. La première petite copine, la première relation sexuelle, les premières soirées. Je vous l'ai dis, rien de très exceptionnelle, une vie parfaitement normale. Jusqu'à cette soirée. Un baiser échangé lors d'un jeu connu : le jeu de la bouteille. La personne désigner par le goulot est la personne qu'on doit embrassé. Etait-ce un signe du destin ? Aucune idée, mais cette fois, c'est tombé sur ... Lui. Oui oui, lui. Pas elle. Lui. Joueur (tout comme lui) on s'est prêter au jeu, et nos lèvres se sont rencontrées. Elles se sont appréciées. Sûrement un peu beaucoup. Car elles ne sont pas quittées après ce jeu. Ça à durer quelques semaines, puis quelques mois. Un homme était entré dans ma vie. A 18 ans, j'eus alors ma première histoire homosexuelle. Je ne m'en suis jamais caché. A personne. Bien évidemment, je me suis posé pas mal de question au départ. Mais, tout s'est fait naturellement avec lui. Joshua. Lui non plus ne connaissait pas cette attirance pour les hommes. Enfin, il était sûrement le seul à ne pas le savoir. En tout cas, c'est moi qui lui est fait ouvrir les yeux sur son orientation sexuelle.

Les années passent encore et encore. Les études avancent. Et le premier emploi étudiant arrive. J'ai commencer comme tout le monde par des petits boulots, mais ma passion qui était désormais inscrit sur mes diplômes ne m'avait pas quitté. Et à force de détermination, j'ai réussi à intégrer un petit journal communal au départ. Puis plus j'écrivais, plus on me repérait et cela me mena aux plus gros journaux. Jusqu'à arrivé sur un sujet qui m'interpella. Une disparition d'enfant il y a désormais plusieurs années en arrière. Un jeune garçon disparu à la sortie de l'école. Bien évidemment, mon lavage de cerveau avait fait son taf, me faisant oublié que ce que j'avais vécu avait été un enlèvement. Mais la photo me frappa encore bien plus que les témoignages. Ce gamin-là, je le connaissais. Je le voyais tous les jours. Dans mon miroir. C'était moi.

Après cette découverte, l'ambiance à la maison était bien différente. Je doutais de cette femme que j'avais fini par appelé maman. Des tensions se faisaient ressentir. Mon silence se faisait ressentir également. Mes absences du domicile se faisaient de plus en plus fréquent. Cette histoire était quelque chose que je n'arrivais pas à me sortir de la tête. A tel point que le jour même de ma majorité (ou du moins, celle que je pensais être ma date d'anniversaire que je vous rappelle est le 1er Octobre.) je quitta la maison. Une bonne fois pour toute. Quelques affaires dans une valise, mes économies dans les poches et sur ma carte bancaire, je décide de mener ma propre enquête. Non pas sur cette disparition, mais sur ces deux parents qui s'étaient battus durant des années afin de me retrouver. Je ne vous cache pas que j'étais tout de même tirailler par ce qui semblait être une vérité. Ma " mère " m'aurait-elle menti depuis tout ce temps ? Comment cela pouvait-il être possible ?
Mon enquête me fit voyager. Déjà, j'avais retrouvé mon ancienne maison, mon ancien quartier, même mon ancienne école malgré les travaux de rénovation qu'elle avait subit, je l'avais tout de même reconnue.
Je me suis lancé corps et âme dans ce que j'appelais mon enquête. Je me faisais passé pour un " simple " journaliste intrigué par cette histoire, sans jamais dévoilé ma véritable identité. Je ne voulais alerter personne, surtout pas cette femme qui m'avait vraisemblablement cramé le cerveau avec ces belles paroles durant toutes ces années. Je resta quelques mois dans ma ville natale avant d'en partir à nouveau alors que j'étais sur les traces de mes parents. Mes vrais parents. Mes parents biologiques. Enfin, c'est ce que je croyais. Car cette enquête m'appris qu'il m'avait adopté. Dans le respect de la loi. A ma naissance.

Cela dura plusieurs années. Bien évidemment, entre temps, je bossais pour des journaux locaux de la ville où je m'installais pour quelques mois, quelques fois une année. Ou deux. Mais je ne tenais pas en place. Je voulais retrouver ma famille. Mes familles. Celle qui m'avait adopté à la naissance, mais également celle qui m'avait abandonné il y avait désormais plus de 25 ans.
J'avais traversé tout le pays. J'ai pu retrouvé mes parents adoptifs, mais trop tard. Ils étaient décédés. Ma mère d'un cancer. Mon père d'alcoolisme. Il avait très mal supporter ma disparition puis celle de ma mère. C'est donc que je m'étais lancé sur les traces de mes géniteurs. Qui m'attira sur la côte ouest de l'Irlande. A Galway précisément. Mais il n'y avait pas qu'eux qui m'avait attiré dans cette grande ville. Non. Mais deux disparitions. Deux enfants. Une petite fille en 2009 puis, 10 ans après, un ado. C'est là que je compris que c'étais ma vocation. Les disparitions étaient devenues une priorité comme sujet pour écrire.

C'est donc peu de temps après cette seconde disparition que j'arrive à Galway. En septembre 2019. Quelques semaines avant mon 32ème anniversaire.

20 Avril 2020 :
Ce matin, dans ma boîte aux lettres, un courrier étrange attire immédiatement mon attention. Aucune adresse dessus, pas de timbre. Une nouvelle disparition faisait l'objet de cette étrange lettre. Une nouvelle enquête venait à moi. Où allait-elle m'emmener cette fois-ci ?...