CALLIOPEE E. MCPHERSON — if you like pina coladas

Je suis la seconde d’une famille de quatre enfants, et je suis la seule fille. Tout a toujours été facile pour nous, on n’a jamais manqué de rien, c’était pas bien compliqué je le reconnais. Papa et maman nous ont élevé avec des valeurs de dignité et de respect de l’autorité que l’on n’a jamais été amenés à remettre en question. Alors oui j’ai été élevée comme une gosse de riche. Papa chef de la police. Maman instit.  Je le reconnais. J’étais pas une mauvaise élève, mais on peut pas vraiment dire non plus que j’étais une bonne élève. J’étais juste dans la moyenne, de quoi rester en cours sans me faire remarquer, ni dans un sens négatif ni dans un sens positif. J’ai jamais vraiment trop aimé l’école de toute façon j’ai toujours préféré jouer avec mes frères. Et ils ont toujours été du genre très protecteurs c’est pourquoi quand à mes 15 ans est apparu ce magnifique jeune homme. J’ai tout de suite su que ça plairait pas à mes frères. Voyez-vous ça a été un coup de foudre entre nous. Hélios c’est moi ça a été magnétique. Comme des aimants on est attiré l’un par l’autre, il représentait tout ce que je ne connaissais pas : la liberté, la rébellion aussi quelque part et puis l’exotisme … pas seulement à cause de sa jolie peau dorée mais car il y avait dans ses yeux quelque chose, quelque chose de sauvage qui me donnait envie de le suivre jusqu’au bout du monde. Et c’est ce que j’ai fait. Après nous être tournés autour pendant quelques mois, nous avons assez rapidement commencé à nous fréquenter. J’étais toute timide, a quinze ans on ne connait pas grand chose à l’amour, mais il a su me mettre à l’aise et prendre soin de moi, me fais sentir aimée, désirée. Bien sûr c’était pas du tout vu d’un bon œil par mes parent qui étaient tout à fait contre. Et comment ne pas les comprendre? Hélios était totalement l’inverse de moi et des valeurs qu’ils m’avaient inculquées. Mais nous on s’aimait. Et c’était tout ce qui comptait pour nous.
Leur plus grande “peur” est arrivée trois ans après notre rencontre. Je suis tombée enceinte. Je n’avais que dix huit ans certes et pourtant cela me semblait comme une évidence. Non pas que j’ai toujours été une personne qui pensait qu’une femme se définissait par son rôle de mère et d’épouse, mais c’était lui, il était mon âme soeur et j’en étais convaincue. Mes parents ne l’ont jamais su évidemment car quand Hélios l'a appris, et il avait très bien ce qui allait se passer, que ma famille me rejetterait, il a décidé de me prendre pour épouse. Il savait que cela soulagerait les parents et quelque part je suis sûre que c’était pas quelque chose qui lui a déplu tant que ça. Il est donc venu frapper à la porte de mes parents, j’avais le coeur figé, et a demandé de manière très officielle ma main à mon père.
J’étais la seule fille de la famille. Ils ont voulu une célébration en grande pompe, mais moi c’était pas ce que je voulais, tout ce qui m’importait c’était d’être avec lui et que lui soit avec moi. Mais avec le recul maintenant, je dois bien reconnaître que quand je regarde ses photos de mariage je suis quand même bien heureuse de les avoir. Je n’ai pas fait de grandes études je suis devenue mère très vite. J’ai tout de suite pris ce rôle très à coeur. J’ai choyé Gaïa depuis sa naissance il y a vingt ans déjà. Nous avons construit notre vie, pleine de passion et d’amour autour de lui et moi. Comme un petit cocon de bonheur qui a été comblé encore plus quand nous ont rejoint Roméo, Galahad et la petite dernière, Athenaïs. J’ai toujours été une mère poule, très attentive à ses enfants et à la vie de la famille. J’ai jamais eu de talent particulier pour la cuisine. Même … vraiment aucun du tout aux dires de mes enfants et mon mari, mais ce que je sais faire, c’est la pâtisserie. Oui tous les gâteaux, les pancakes les muffins. Ca ils s’en sont mis plein la panse. Alors on avait un espèce de pacte, papa cuisine, maman pâtisse. Ou alors on commande à manger. Il y a un peu plus de dix ans, pendant mes diverses grossesses et mon emploi du temps quand même chargé de mère au foyer qui se démène pour que tous les enfants aient un gouter et les meilleurs costumes pour mardi-gras (et ce sans craquer ou du moins sans le montrer) j’ai commencé à créer un blog. Oh un petit truc tout simple ou je partage mes expériences, mes idées culinaires et mes réalisations. Mais peu à peu ça a pris de l’ampleur au point d’avoir son petit succès sur la toile.
Ce qui fait que, il y a trois ans, quand Athénaïs qui est drôlement en avance pour son âge a été à l’école, j’ai commencé mon propre business de traiteur à domicile pour tout ce qui est pâtisserie et goûter d’anniversaires. Ca a un petit succès d’ailleurs et doucement ça se développe. Je vais à quelques séminaires pour pouvoir me former et avoir plus d’informations. Commencer enfin à vivre dans le monde actif est une chose que je ne pensais pas pouvoir vivre. Et pourtant ça m’a plu beaucoup plu. Mais est ce que c’est ça qui a fait qu’Hélios et moi étions entrés dans une routine … une petite routine qui nous séparait de plus en plus chaque jour. J’avais l’impression qu’il ne me voyait plus comme une femme, comme sa femme. Comme si je n’étais que la mère de ses enfants. Plus une créature désirable et charnelle. On s’en était rendus compte et on avait essayé une thérapie de couple. Sans réel succès puisque l’on a arrêté assez rapidement, peu convaincus des bienfaits de cette solution. Alors j’ai fait des efforts, essayé de le re-séduire. Mais ça n’a pas marché. Sa faute? La mienne? Je ne sais pas. Pas du tout. Peut être un peu des deux. Alors je le reconnais, j’a posté un message dans un journal. Signé LadyMcBeth. Sans penser vraiment à avoir de réponses, ni sans spécialement chercher quelque chose d’autre. Peut être juste pour savoir si je pouvais encore plaire. Peut être que le problème venait de moi? Peut être que c’était moi qui n’était plus aussi belle que quand on s’est rencontrés. Et j’ai eu une réponse. Quelqu’un m’a répondu. Où il est je ne sais pas. Mais les choses sont plus simples. Et il est à l’écoute, il est là quand j’ai besoin de parler. Il n’est pas toujours question des enfants. Il sait que je suis mariée et que j’ai des enfants. Je sais qu’il a une épouse lui aussi, et qu’il a des enfants. Et pourtant, quand je reçois un message de lui, il y a un grand sourire qui se dessine sur mes lèvres. Ca me rend coupable parfois, mais la plupart du temps, ça me fait me sentir vivante aussi. On a repris la thérapie avec Hélios. Les enfants … je sais même pas s’ils le savent, peut être, Gaïa n’est plus une gosse maintenant … On peut le faire … n’est ce pas?