Hélios- Try to be a rainbow in someone's cloud

Je suis né il y a déjà trente huit ans en Nouvelle Zélande. Quand j'y pense je ne comprend pas comment trente huit ans ont pu passé aussi vite. Trente huit ans, marié, 4 gosses, un bon job, une villa avec jardin, un 4x4. Il nous manque un chien. J'en parlerai à Cali tiens. Ou plutôt non je lui en parlerais pas, qu'est-ce qu'on irait faire avec un chien?? Il faudrait encore se casser la tête pour lui trouver un nom et ça avait déjà été bien assez compliqué comme ça pour nos 4 enfants! Bref je disais que j'étais né à Auckland. Ma mère était maori, un peu sorcière, un peu vaudou et complètement perchée! Je l'adore mais elle est pas loin d'être folle. Enfin on va dire qu'elle est mystique, ça passe mieux que folle. Un jour je vous raconterai la première rencontre entre ma mère et mes beaux parents! Vingt ans après je peux encore mourir de rire en repensant à ça! Bref. Deuxième fois. Mon père était irlandais, venu à Auckland pour trouver du travail, il est tombé fou amoureux de la peau doré de ma mère et de ses longs cheveux bruns. Rapidement elle a voulu un enfant, rapidement ils ont eu un fils. Un fils que dis-je! Un dieu, un astre, une étoile sur terre! Hélios, dieu du soleil, avec un nom pareil ne vous étonnez pas si je suis parfois un peu orgueilleux et prétentieux, j'ai grandi avec l'idée que le soleil lui même n'arrivait pas à la cheville de mes beaux yeux vert et de mon sourire ravageur. Enfin ça c'était pour ma mère. Mon père était beaucoup plus distant. Je crois qu'il n'a pas supporté de passer au second plan quand je suis né. Il faut dire que ma mère, qui ne jurait que par son bel irlandais, a un peu oublié qu'il existait. Ce n'était pas un mauvais père c'était juste un père absent. Il est mort quand j'avais douze ans, un bête accident. Et quand j'ai eu quinze ans comme mes conneries commençaient à être de plus en plus grosses ma mère a préféré déménager en Irlande pour se rapprocher de ma tante et des mes grands parents. Je crois qu'elle a un peu regretté de m'avoir toujours laissé faire tout ce que je voulais. Bref. On a débarqué a Galway.

On ne peut pas dire que j'étais très emballé quand on est arrivé à Galway. Le paysage, la météo, le lycée...ça ne m'a pas tapé dans l’œil! Mais j'étais là et je devais m'y faire. Alors j'étais là à marcher dans le lycée, tentant de trouver une chose attrayante quand je suis tombé sur elle. Petite blondinette, Shakespeare sous le bras, le regard fuyant et le visage rougissant quand je lui ai souris. Jamais je n'avais vu une fille comme ça. Et, lucky me, j'étais dans sa classe! Mais les choses n'ont pas si bien commencer, il faut dire que quand son prof a dit son nom pendant l'appel je n'ai pas pu m'empêcher d'émettre un petit rire! Pas parce que je trouvais son prénom risible, juste parce que je me suis dit: ah tiens elle aussi elle a un prénom pas ordinaire! Heureusement elle ne m'en a pas voulu longtemps. Ça a été le grand amour, tout de suite, malgré sa famille beaucoup trop coincée, ses parents et ses frères qui ne m'aimaient pas beaucoup. J'aimais tout chez elle. Elle était très différente de moi et pourtant nous étions parfaitement complémentaires. Et quand elle est tombé enceinte j'ai tout de suite su ce que je devais faire. Son père allait la jeter dehors et elle ne s'en remettrait pas. Et moi je l'aimais. Alors je suis allé voir son père et je lui ai demandé la main de Cali. Il n'était pas emballé mais bon, il n'a pas dit non. Je pense qu'il avait compris que de toute façon je l'épouserais quoi qu'il arrive. Il s'est sûrement dit qu'il valait mieux me tolérer plutôt que de perdre sa fille. Et Gaïa est née. Ce jour là j'ai compris ce que ma mère avait ressenti. il faut dire que c'est une sacré beauté ma fille! Avec Cali on a pris un petit appartement, moi j'ai pris un job dans une boîte de pub et Cali est resté à la maison avec Gaïa. Finalement je me suis beaucoup plu et à force de m'investir dans mon travail j'ai petit à petit grimpé les échelons jusqu'à devenir directeur artistique web. Nous avons acheter une jolie maison, Roméo est né, puis Galahad et Athénaïs. Nous étions, et sommes toujours très heureux.

Malheureusement les enfants, la maison, les vacances, ça ne fait pas tout. Je ressentais une forme de lassitude. Non pas que je n'aimais plus Cali, mais on avait perdu la flamme. On a commencé à voir un conseiller conjugal mais je dois dire que ça m'a vite gonflé. Parler de ce qu'on ressent, de ce qu'on aime, blablabla. On a fini par ne plus aller aux rendez-vous. Et puis un jour je ne sais pas pourquoi je me suis inscrit sur un genre de site de rencontre. Pseudo Gatsby, ceux qui connaissent leurs classiques comprendront. Cela ne m'a absolument rien apporté du tout. Les femmes parfois c'est vraiment n'importe quoi...où elles veulent coucher, où elles veulent se marier. Et parler non? Je sais pas apprendre à se connaître. Ou alors je ne suis tombé que sur des folles ce qui est tout à fait possible après tout. Et puis un jour j'ai répondu à une annonce dans un journal. Pseudo Lady MacBeth. Comment résister? Quelqu'un qui a lu MacBeth est forcément quelqu'un de bien non? On parle de Shakespeare quand même, je vous rappelle que mon fils s'appelle Roméo, ce n'est pas comme ça par hasard! Quoi qu'il en soit, elle es spirituelle, drôle, intelligente, sensible...tout ce à quoi je m'attendais. Elle est mariée et a des enfants comme moi, on n'en parle pas vraiment, on ne parle pas de se rencontrer ni rien. Elle est une sorte de distraction, une petite bulle d'air frais dans un quotidien un peu trop morose. Avec Cali on a recommencé la thérapie. J'avoue que je culpabilise pas mal de cette situation, alors quand elle l'a un peu évoqué j'ai sauté sur l'occasion. Comme pour me faire pardonner. Je ne sais pas ce que tout ça va donner. Pour une fois je n'ai pas vraiment envie d'être raisonnable et de faire ce qu'il faut, pour une fois j'ai envie de penser à moi.