Dark days and a deeper cold || Les Parish

La tempête avait tout détruit sur son passage, Liloo était à l'hôpital quand tout ça s'était déclaré, et tout c'était passé si... vite. Un dingue la pesait elle et ses tatouages, responsable de l'évènement climatique. Il l'avait poignardée à trois reprises, les pâles d'un hélicoptère avait détruit une partie de l'étage où ils étaient et avaient blessés et tués beaucoup de gens. Liloo se trouvait avec Esther quand tout ça s'était produit et sa sœur avait fini par lui trouver de l'aide. La blonde avait rapidement été opérée pour stopper l’hémorragie au niveau de son ventre ou elle avait été touchée à deux reprises. On avait refermé la blessure au niveau de l'épaule, ce qui l’handicapait pas mal vu qu'elle n'avait pas le droit de bouger le bras. Le réveil était difficile, Liloo ne savait plus très bien ou elle était, ce qu'il s'était passé. La douleur était là, bien présente et Liloo était en état de choc au vu de ses blessures étaient conséquentes. Elle fronça le nez quand elle retrouva un visage connu et peut être un peu trop flippant. Bordel de merde c'était Larry !
Liloo commença à s’agiter, alors qu'elle ne devait pas le faire, sous aucun prétexte pour le pas ouvrir les points. Après une sédation, Liloo était dans le coltard, vu le bordel ambiant dans l'hôpital, la Parish ne pouvait pas avoir de chambre. Une partie du bâtiment était détruit, on dénombrait pas mal de morts côté personnel tout comme du coté patients. Alors elle attendait là, sur un brancard, que le temps s'écoule et essayant de se "reposer" de l'intervention qu'elle avait subie. Elle pouvait voir tout ce qu'il se déroulait autour d'elle. Elle finit par attraper la main d'une infirmière débordée qui passait et lui demanda si y'avait un Ethan Sanders par là. Elle avait entendu qu'une partie de l'aéroport s'était détruit et que c'était la vraie misère. Le coeur de Liloo se serra et se brisa, mais elle refusait de penser au pire. Elle pensa à Ethan mais aussi à Ivy et elle ne voulait perdre aucun des deux.
Personne n'avait la réponse à sa question et ça la rendait complètement dingue !
De là ou elle était, elle pouvait voir les nouveaux entrants et sérieusement... Elle se croyait en temps de guerre. Elle n'avait même pas la capacité de faire quoi que ce soit, contrainte à cette camisole chimique. Son cœur lui saignait. Et ses parents ? Son frère ? Est ce qu'ils allaient bien ? Heureusement, sa demi sœur allait bien... Elles étaient ensemble dans l'hôpital et n'avait aucune idée d'où elle pouvait être à l'heure actuelle. Elle n'avait même pas son téléphone et elle n'était même pas sûre qu'il y ai du réseau de toute manière. Liloo ne voulait pas se retrouver toute seule, elle voulait revoir tous ceux qui lui était cher à son coeur. Elle repensa à l'abandon qu'elle leur avait fait subir, mais ils s'étaient retrouvés depuis et espérait que cette chipie de Destin avait épargner les siens. Épuisée, le coeur en mille morceaux et sous le poids du sédatif, Liloo finit par s'endormir, mais ses rêves furent peuplés de cauchemars. Elle s'éveilla parce qu'elle senti une main sur son visage qui lui essuyait ses larmes, mais ses dernières redoublèrent lorsqu'elle vit que ces parents étaient là.

- Maman... Papa... Vous n'êtes pas morts...

Oh bon dieu, un poids s'envola de ses épaules. Liloo ne pouvait pas s'empêcher de pleurer c'était plus fort qu'elle. Elle serra la main qui se trouvait dans la sienne et sourit malgré tout.

- Je suis... soulagée que vous soyez là... Est ce que Charles est là ? Est ce que vous avez des nouvelles d'Ivy et d'Ethan ? Je... Ils disaient que l'aéroport était détruit... je... Ils étaient là bas...

Et voilà qu'elle paniquait de nouveau, elle était inquiète, mais peut être encore plus pour l'élu de son cœur. C'était la première fois qu'elle aimait quelqu'un comme ça et il était hors de question qu'elle le perde...

Anna aurait du se douter qu’il ne fallait pas jouer avec le karma. Alors qu’elle venait de passer la nuit dans les bras de son ex mari, voilà que leur fille se retrouvait à l’hôpital. Elle avait trompé Larry, elle avait choisit de passer la nuit avec un autre, et le destin semblait prêt à le lui faire payer. Anna était toujours là, dans la chambre d’Hôtel ou elle avait fauté, et Cory se trouvait avec elle. Inutile de dire qu’elle se sentit coupable dès qu’elle réussit à joindre Larry. Avant même qu’il lui annonce que sa fille, Liliane, était à l’hôpital, Anna avait sentit que rien ne serait plus jamais comme avant. Qu’est ce qu’elle allait bien pouvoir faire ? Voilà qu’on lui annonçait la pire des nouvelles, et au pire des moments. Cette nuit avait été magique et révélatrice, et cette journée allait être un dur retour à la réalité. Leur fille s’était encore mise dans un sacré pétrin. Anna avait du mal à croire ce qu’elle entendait, et ne comprenait pas ce que Liliane était allée faire là bas. Pire encore, c’était Larry qui avait du s’occuper d’elle, et qui était déjà prêt à faire la morale et à ressasser toutes les fois ou Liliane avait été irresponsable. Ce n’était pas le moment. Anna raccrocha rapidement, prétextant qu’elle devait économiser sa batterie le temps d’arriver jusqu’à l’hôpital. Mais dès qu’elle pu parler librement, elle raconta évidemment tout à Cory, qui se trouvait à ses côtés. Ils auraient du parler de bien des choses vu ce qu’il venait de se passer entre eux, mais l’inquiétude fut bien plus forte et ils n’eurent pas besoin de se dire que cette discussion serait pour une autre fois. Après tout, ils allaient devoir affronter Larry. Et ni Anna, ni Cory n’étaient prêts à annoncer au monde qu’ils étaient, peut-être, redevenus un couple. Anna serra Cory une dernière fois dans l’intimité de leur chambre, loin des regards, pour lui faire comprendre qu’elle ne regrettait rien. Elle ne savait pas ou ça allait mener, mais c’était impossible d’y penser maintenant. Il fallait qu’elle voit Larry pour réfléchir, et il fallait, avant toute chose, qu’elle voit Liliane.

Une fois dans le hall de l’Hôtel, Cory et Anna réalisèrent que la tempête avait été bien plus violente que prévu. Aucun transport n’était disponible, et la ville semblait plongée dans la panique et l’angoisse. Heureusement, Cory était débrouillard et alla discuter avec quelques personnes qui traînaient dans le hall, avant de revenir avec des clés vers Anna : il avait trouvé un petit vieux pour lui prêter sa mobylette. Typique. Anna n’était pas enchantée de devoir remonter sur une vieille bécane : elle n’avait plus vingt ans. Mais en sortant au dehors elle réalisa qu’il n’y avait pas d’autres options, et suivit donc Cory dans son idée. Anna se serra donc contre Cory alors qu’il démarrait la vieille mobylette qui semblait dater de la seconde guerre mondiale. Après quelques ‘vroom vroom’ insistants et quelques obstacles à éviter sur la route, ils se mirent enfin en route. Tout le long, Anna se demandait comment leur fille avait pu se faire attaquer, et par qui. Tout ça n’avait aucun sens.

Cory et Anna arrivèrent à l’Hôpital assez rapidement et Anna se précipita vers l’accueil pour commencer à agresser la pauvre dame qui s’y tenait, et qui sembla incapable de lui dire où se trouvait sa fille. Aucune chambre attitrée à ce nom. N’importe quoi. Anna savait que sa fille était là, elle avait une source sûre. Cory et Anna se séparèrent pour chercher leur fille, et Anna ne tarda pas à trouver Larry qui faisait ses rondes, visiblement trop débordé pour voir qu’elle lui avait envoyé des tonnes de messages. Cory les retrouva, et Larry ne sembla même pas réaliser qu’il était arrivé en compagnie de sa femme. Larry, jouant très bien le rôle du médecin important et débordé, guida Anna et Cory jusqu’au couloir ou se trouvait Liliane, qui s’exclama de les voir arriver, visiblement toujours le choc des évènements.

Anna : - Liliane ! Bien sûr qu’on est vivants, qu’est ce qui s’est passé ! Qu’est ce que tu fais dans un couloir ! Larry, qu’est ce qu’elle fais dans un couloir, hein !

Pendant que Anna pestait contre Larry, incapable de se calmer tout de suite, Cory en profita pour répondre aux questions de sa fille qui voulait, naturellement, prendre des nouvelles de tout le monde. Mais les réseaux téléphoniques marchaient bien mal pour le moment et tout le monde semblait avoir du mal à se joindre. Il allait falloir s'armer d'un peu de patience.

Cory: - On a pas encore de news de Ivy ou Ethan, mais ton frère est en chemin...

Même en cas d’urgence, personne ne méritait d’être abandonnée ainsi. C’était intolérable ! Anna travaillait en lien avec cet hôpital, elle était mariée à un des meilleurs docteurs, et voilà comment ils traitaient sa fille ! Alors qu'elle était prête à attaquer tout le monde en justice et à soudoyer son mari pour qu'il règle la situation, son mari en question, Larry, haussa les épaules et tourna les talons, faisant mine qu’il préférait retourner travailler. Et c’est à ce moment précis qu’Anna réalisa qu’elle le haïssait. Vraiment. Toute la culpabilité qu’elle avait pu ressentir venait de disparaître, et elle ne put que lui lancer un regard de dédain avant de retourner son attention vers sa fille.

Anna : - ...Quel con ! J’arrive pas à croire qu’il t’as laissée là dans cet état…

Fronçant les sourcils par empathie plus que par énervement, Anna prit la main de sa fille dans la sienne, alors que Cory envoyait des indications à Charles pour qu’il puisse les retrouver. Elle réalisa qu’ils n’avaient même pas trouvés d’excuses qui expliquait pourquoi ils étaient ensemble. Mais bon, avec les talents d’acteurs de son ex, Anna n’était pas inquiète. Après tout, il suffisait de dire la vérité, ou presque. Personne n’avait besoin de connaître tous les détails de la nuit. Mais Anna était prête à dire qu’ils s’étaient retrouvés coincés ensemble à cause de la tempête, ce qui n’était après tout, pas un mensonge. Anna soupira en regardant sa fille et ses bandages, se rappelant de son premier accident, et se demandant si elle n’allait pas devoir tout recommencer à zéro. Anna ne voulait pas blâmer sa fille. Et pourtant. Elle ne pouvait pas comprendre comment elle était encore là, dans un lit, à souffrir, alors qu’elle aurait du être en sécurité ailleurs.

Anna : - Liliane… pourquoi étais-tu ici ? Qui t’as attaquée ? Est ce que tu sais pourquoi ?

Anna n’avait jamais été très douée pour réconforter ses enfants, ayant plutôt tendance à leur poser des questions pour comprendre et tout analyser. Sa fille avait sûrement besoin de bien plus. Mais Anna ne comptait pas passer sa vie à retrouver sa fille dans des états pareils. Elle voulait que tout ça cesse. Elle refusait de voir ses enfants se mettent en danger inutilement. Alors qu’est ce que sa fille était allée foutre ici ?

Charles quant à lui, avait reçu un appel de ses parents un peu plus tôt et avait apprit l’horrible nouvelle : sa soeur avait été grièvement blessée. ENCORE ! Et encore pire que la dernière fois en plus, parce que ce coup ci, elle avait été attaquée par un psychopathe. Imaginant direct le pire, Stitch s’était immédiatement élancé vers la porte de la maison avant de se rappeler qu’il avait une peur accablante de l’hôpital. Merde. Il s’était juré qu’il ne laissait plus jamais sa sœur tomber, mais voilà qu’il se retrouvait coincé. Qu’est ce qu’elle avait à toujours finir là bas aussi ! Stitch se pinça la lèvre et commença un peu à tourner en rond. Il n’allait pas supporter de rester là. Il devait y aller, et surmonter ses peurs. Après tout, il venait de survivre à cette putain de tempête ! Bon, il avait passé la moitié de la nuit à moitié sous sa couette, comme son père n’était pas là, et que Charles était du coup l’homme de la maison, il était plutôt fier que rien n’ait été détruit sous sa surveillance. Il s’était assuré que rien n’allait tomber ou exploser les vitres, et il avait bien calculé son coup. Du coup, Stitch était fier de lui même, et ne comptait pas s’arrêter là. Il avait sauvé la maison, il était maintenant temps de sauver sa sœur !

Après un effort surhumain, Stitch s’élança, une deuxième fois, vers la porte, l’ouvrant rapidement avant de se donner le temps de changer d’avis. Puis, il s’arrêta net. Cela lui prit un instant pour réaliser le nouveau paysage qui se tenait devant lui. La rue était méconnaissable. En quelques heures, la tempête avait fait son travail, et Galway, ville généralement paisible, ressemblait maintenant à un épisode de The Walking Dead. Stitch ne put s’empêcher de trouver ça stylé avant de se rappeler que tout ça n’avait rien d’une série. Mais c’était la première fois qu’il avait une vision post apocalyptique si… réelle. Au loin, quelques personnes se promenaient dans les nombreuses décombres, tandis que d’autres restaient debout et fixes, comme des zombies collés à leurs téléphones. Stitch avait plus de chance. Il n’avait eu pas besoin d’appeler toute sa famille : ses parents avaient fait le travail à sa place. Il sauta par dessus les branches et autres débris qui se trouvaient sur son chemin, et se dirigea vers le garage à vélo.

Pour s’aider, Stitch s’imagina être un super héro, prêt à aller sauver le monde et sa sœur. Son premier devoir était donc de s’armer de son (super) vélo,  resté bien à l’abris durant la tempête, et de s’envoler vers l’aventure. Et pour une fois, Stitch se retrouvait avec l’avantage : la plupart des routes étaient inutilisables à cause de la tempête. Inutilisable pour les voitures, mais par pour les vélos. Il n’eut donc aucun problème à se faufiler entre tout ce bordel, s’imaginant la tête que sa sœur allait faire en voyant qu’il avait réussit à braver les éléments, et tout ça juste pour elle. Après s’être arrêté en route pour prendre des fleurs sur le bord des chemins… et de s’arrêter encore pour trouver comment faire un bouquet avec rien… et de s’arrêter encore pour regarder un nuage vraiment trop classe… Stitch arriva enfin à l’hôpital et appela ses parents, sans succès. Il était là, devant l’immense porte automatique de l’hôpital, mais n’osait pas rentrer tout seul. Hors de question qu’il aille parler à l’accueil, il avait un mauvais souvenirs de ces gens là, et ils étaient capable de le faire attendre 5 heures sans qu’il ose revenir les voir. Heureusement pour son stress, cela lui prit dix bonnes minutes pour trouver où mettre son vélo en sécurité. Le temps de respirer un peu. Mais le plus dur restait à faire : oser franchir les portes, et trouver sa sœur. Il y avait tellement de monde dans tous les sens qu’il allait avoir besoin d’aide. Et il n’était encore qu’à l’extérieur de ce lieu maudit… misère !

Liloo était pas mal sonnée, mais l'inquiétude avait pris le dessus, voir ses parents là lui fit du bien. Bien sur, elle s'inquiétait pour son frère, son beau frère et pour Ethan aussi. Ils avaient vécu l'enfer, ils en étaient heureusement sortis ou presque. Liloo offrit un sourire fatigué à sa mère pour tenter de la rassurer.

- Maman... C'est l'enfer ici... Y'a une partie de l'hôpital qui s'est effondré, y'a eu pleins de morts... Faut pas leur en vouloir, ils m'ont sauvé la vie... C'est pas grave, vraiment... Y'a d'autres personnes qui ont besoin de ces chambres...

Liloo ne voulait pas que sa mère se mette en colère ou s'inquiète outre mesure, elle était en vie c'était ce qui comptait. Liloo n'était pas quelqu'un de matérialiste, elle avait la chance d'avoir un brancard et ne pas être au sol. Liloo serra la main de sa mère pour la rassurer.

- Ca va, calme toi, je crois qu'il y a plus grave que moi... Et même si je ne porte pas Larry dans mon coeur, clairement, c'est pas de sa faute... J'espère que Chuck n'a rien...

Heureusement, Esther arrive et donne des nouvelles.

- Comment vas tu ? Ils ont dit quoi pour ta blessure ?

Heureusement elle donne des nouvelles d'Ethan et d'Ivy, Liloo s'apaise un peu. Bien sur, elle ne sait pas l'état du policier et dans un sens, il vaut mieux parce qu'elle pourrait péter complètement les plombs. Liloo sourit tristement à sa mère.

- J'avais un rendez vous ici, tout comme Esther... et quand la tempête à éclater, on nous a interdit de sortir de l'hôpital, après y'a eu un dingue qui m'a pris pour une sorte d'extra terrestre à cause de mes tatouages... Il disait que c'était ma faute si la tempête était là...

Liloo espère voir son frère arrivé, en espérant qu'il ne lui soit rien arrivé. La Parish observe ses parents et fronce un peu le nez.

- Faut pas s'inquiéter d'accord ? Ce sont... des choses qui arrivent et tout le monde est en vie... Est ce qu'on peut appeler Charles peut être ? J'espère qu'il n'est pas blessé... Je sais pas si le réseau est revenue complètement et je crois.. que j'ai perdu mon téléphone...

Bon, en soit ça l'embêtait surtout pour pouvoir joindre ses proches et pouvoir parler à Ethan. Liloo regarda 'Ster et fronce un peu le nez.

- Je sais pas quand est ce que je pourrais sortir, mais j'espère bientôt...

Puis elle regarde ses parents.

- Y'a eu beaucoup de dégâts dehors ? Je suis soulagée que vous n'ayez rien... Vraiment...  et j'suis contente que vous soyez là...  Vraiment tous... Même si je sais que je vous cause encore du soucis, j'suis désolée...

Et la tatouée était sincère, surtout que là, c'était Destin qui avait décidé de se venger sur elle alors que Liloo n'avait vraiment rien demandé comme la plupart des habitants de Galway.

Inutile de dire que Cory et Anna étaient tous les deux perdus. Eux qui étaient dans les bras de l’un de l’autre il y a moins d’une heure, voilà qu’ils devaient affronter un certain chaos qui contrastait avec la nuit de romantisme qu’ils venaient de vivre. Dès que Cory croisait le regard de Anna, ils semblaient tous les deux se remémorer leur nuit, et la culpabilité les faisaient rapidement regarder ailleurs. Disons qu’il était très difficile de se concentrer, et pas seulement parce que Larry traînait encore dans les parages. Cory et Anna avaient vécus une tempête bien différente que celles de leurs enfants et commençaient à peine à comprendre l’ampleur de la situation. A travers les mots de Liliane, ils rattrapaient les heures perdues à se soucier de rien. Oh comme ils avaient eu tort de croire que la vie allait d’un coup se montrer clémente ! Leur fille leur annonçait des morts et la destruction au moment où eux auraient célébrés la vie et la réconciliation. Le simple fait de voir leur fille blessée avait suffit à leur rappeler qu’ils étaient avant tout, des parents. A la minute où Cory avait vu sa fille sur ce lit piteux, il s’était inquiété pour son autre fille, Esther. Heureusement, elle ne tarda pas à les rejoindre et il la serra dans ses bras avant de s’assurer qu’elle n’était pas trop grièvement blessée. Il regarda la blessure de Esther avant de lui faire un regard dépité, lui demandant si ça allait, avant de la serrer à nouveau dans ses bras. Cette affaire était plus que perturbante, car ce genre d’agression n’arrivait pas souvent à Galway. C’était censé être une ville calme et sécurisée, et ses filles n’auraient jamais du se retrouver dans une telle situation ! Cory laissa les trois femmes de sa vie s’échanger les nouvelles de tout le monde tout en textotant avec son fils qui semblait s’être perdu dans l’Hôpital. Typique. Mais il valait mieux qu’il arrive après que sa mère se soit un peu calmée. Car Anna semblait prête à imploser, et il n’osait pas interférer de peur que tout le monde grille que leur relation avait changée. Il fallait qu’il se rappelle qu’officiellement, ils étaient toujours séparés. Cory était donc ravi que son fils tarde un peu: c’était le prétexte parfait pour sembler occupé. Il se contenta de rassurer ses filles qui toutes deux avaient demandé comment Chuck allait, et s’il n’avait rien.

Cory: - Je parle avec Chuck là, il vas très bien il est dans un des couloirs de l’Hôpital, il nous cherche !
Anna: - Bien sûr qu’il vas bien, c’est ce qui se passe quand on reste en sécurité au lieu d’aller à des rendez-vous…

Ouh. Cory se garda bien de faire un commentaire en réponse à Anna. Il n’était pas suicidaire. Il savait à quel point elle disait ça par frustration, même si c’était plus que maladroit. Esther et Liliane étaient blessées certes, mais elles étaient en vie, et ça aurait pu être bien pire. A ses yeux, ils auraient plutôt dû se sentir chanceux. Et il était plutôt d’accord avec l’attitude positive de sa fille. Mais Anna semblait voir ça comme une leçon à retenir, et le moment idéal pour faire la morale… et Cory n’allait pas se mettre entre ces deux là. Pas maintenant.. Rien qu’à écouter leur fille dire que ce sont ‘des choses qui arrivent’ il savait déjà ce que Anna allait vouloir répondre. Cette tempête avait été annoncée en avance, et Anna voyait sûrement la situation comme une tragédie qui aurait pu être évitée. Et même si elle n'avait pas tort, leur fille non plus. C'était bel et bien des choses qui arrivent, même si ce n'était pas ce qu'une mère avait envie d'entendre. Cory lança un petit regard à sa fille histoire de la rassurer un peu et qu'elle ne se sente pas agressée de tous les côtés. Sa mère voulait juste bien faire. Mais elle le faisait mal, faisant mine d'oublier bien vite qu’eux aussi avaient passés la nuit ailleurs… ignorant toutes les règles de sécurité... et c’était après tout ça la vie vie de parent: fais ce que je dis… mais ne fais pas ce que je fais….

Anna secoua la tête pour montrer explicitement qu’elle n’était pas d’accord avec sa fille. C’était toujours la même chose. Liliane se mettait bêtement en danger et osait dire que ce n’était pas grave, tout ça parce qu’elle avait survécu. La vie ne marchait pas ainsi. Sa chance ne serait pas éternelle, et il était grand temps qu’elle s’en rende compte avant qu’il ne soit trop tard. Si elle avait été attaquée à cause des ses tatouages, c’est qu’elle était en partie responsable. C’est ce qui arrive quand on veut sortir du lot: on sort du lot. On devient une cible bien plus visible. Anna ne voulait pas blâmer la victime. Mais elle voulait que sa fille se rende compte qu’elle s’attirait beaucoup de problèmes à cause de ses choix.

Anna: - Non ce ne sont pas des CHOSES QUI ARRIVENT, Liliane, ça ne devrait pas arriver, jamais. Je doute fort que tout le monde ici se fasse attaquer par des maniaques sans raisons… ce n’est pas normal…

Rendez-vous ou pas, ces deux là auraient pu annuler et se montrer plus responsables. Anna ne pouvait rien dire à Esther, n’étant pas sa mère. Et vu son choix de carrière, elle ne doutait pas de la capacité d’Esther à prendre soin d’elle même. Mais pour Liliane, c’était une autre histoire. Elle ne s’était, à ses yeux, jamais montrée digne de confiance. Sa fille semblait préférer s’excuser une fois que le mal était fait, et Anna ne le supportait pas. Son père était trop gentil et pardonnait tout, du coup leur fille n’apprenait jamais de ses erreurs. Mais elle n’allait pas les laisser s’en tirer comme ça, pas cette fois. Anna se tourna donc vers Cory pour chercher le soutiens qu’elle n’avait jamais eu lorsqu’il s’agissait de dire des choses désagréables à leur fille.

Anna: - Cory, dis lui que ce n’est pas normal. Je ne suis pas folle. On s’en fiche des dégâts dehors, on s’en fiche des dégâts dans ce PUTAIN d’hôpital, je veux savoir comment ma FILLE se retrouve dans un état pareil après une tempête. Une TEMPÊTE ne poignarde pas les gens !

Anna réalisa qu’elle pétait légèrement les plombs, et s’arrêta,  voyant tout les regards des alentours tournés vers elle. En plus de ça, Charles venait d’arriver pendant qu’elle hurlait à moitié, et elle se sentit extrêmement nulle. Elle ne savait plus où elle en était, le stress de mère était bien trop fort pour qu’elle puisse rester là à faire comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Anna changea donc d’attitude en soupirant de répit en voyant son fils arriver en un seul morceau. Lui au moins était resté en sécurité et n’avait pas fait de conneries. Et elle l’aimait aussi pour ça, son cher petit garçon parfait. Celui pour qui il n’y avait presque jamais à s’inquiéter, à part pour ses études. Au moins, elle n’avait pas peur de le retrouver mort à chaque fois que le téléphone sonnait. Elle le serra donc très fort et l’embrassa sur la joue, passant sa main dans ses cheveux comme pour s’assurer que c’était bien lui, et qu’il allait vraiment bien. Elle le lâcha enfin pour ne pas le gêner, sachant bien qu’il détestait ce genre de marque d’affection en public. Puis elle annonça qu’elle avait besoin de s’éloigner un peu, ne voulant pas affronter tout ce qu’elle venait de balancer à sa fille.

Anna: - Je suis désolée, j’ai besoin d’un moment.

Levant les mains quelque peu dramatiquement comme pour se faire de l’air, Anna s’éloigna de quelques pas, suivit de près par Cory qui ne pouvait pas s’en empêcher. Ils allèrent discuter à quelques mètres des enfants histoire que personne ne puisse les entendre, ce qui allait permettre à Charles de parler un peu avec ses soeurs, et ce qui allait permettre à Anna de se calmer un peu. Elle s’en voulait déjà d’avoir dit tout ça. Et elle risquait de dire bien pire si elle ne s’éloignait pas quelques secondes…

Après avoir traversé des tonnes de couloirs qui se ressemblaient tous, Charles avait enfin retrouvé la petite troupe, repérant les cheveux de sa mère qui détonnaient dans le paysage blanc. Et un peu gris, parce que la tempête était passée par là. Le paysage était gris aussi parce que sa mère avait l’air sur un nuage de négativité pile au moment ou lui était près à faire une entrée en scène pleine de joie. Il s’était sentit bien vite nul avec ses fleurs, arrivant en plein conflit sauvage. Il n’avait même pas eu le temps de dire quoique ce soit, sa mère s’était déjà éloignée avec son père, et il ne comprenait pas pourquoi. Charles resta donc planté là avec ses fleurs, regardant Esther et Ivy, toutes les deux relookées en patientes de l’apocalypse. Il s’empêcha immédiatement de regarder vers leurs blessures respectives, ne voulant pas trop obséder la dessus. C’était le genre d’images qui le hantait facilement dans la réalité, contrairement aux films de fictions, qu’il adorait. Il choisit donc de vivre cette situation déplaisante comme un héros cool de film qui ne serait pas du tout dérangé par le fait que ses soeurs aient frôlés la mort. Ben oui quoi, la mort c’était rien, c’était qu’un passage vers un autre monde, tout allait bien, la la la. Il réalisa qu’il serrait un peu trop ses fleurs pour se rassurer, et il finit enfin par les tendre maladroitement à sa soeur ; regardant du coin de l’oeil ses parents isolés dans un p’tit coin du couloir.

Stitch: - Tiens ma Liloo, il paraît qu’il faut amener un cadeau joli et comme les boutiques sont fermées à cause de la tempête ben, j’ai essayé de faire un bouquet en chemin… Sinon euh qu’est ce qui viens de se passer? Pourquoi maman elle pète un câble?

Il fut bien forcé de s’inquiéter de ce qui venait de se passer et du gros froid que ça venait de mettre dès qu’il était arrivé. C’était si rare de voir leur mère ‘parler fort’ comme ça devant des gens, il avait bien du se passer quelque chose pour qu’elle perdre le contrôle. Elle qui était pourtant la reine de ça. Alors que Esther, Liloo et Charles se regardaient, tous un peu choqués, il se lança enfin, détestant chaque seconde de silence: Il n’avait pas fait tout ce chemin pour tomber en pleine guerre ! Il en avait marre que sa mère et sa soeur n’arrivent pas à s’entendre: lui, il les aimait toutes les deux ! Même si personne lui demandait de choisir, il avait l’impression d’être entre les deux, même sans rien demander. Ça lui rappelait l’époque avant la fugue de Liloo, et ça l’angoissait. Il avait peur que leur mère la fasse encore fuir en étant comme ça. Et puis, personne n’aimait quand leur mère était comme ça. Ça cassait toujours tout. Lui, il voulait vivre avec le sourire, il ne voulait pas voir sa famille comme ça, entre la guerre et les blessures, physiques comme métaphysiques.

N’étant pas vraiment sûr de vouloir comprendre le pourquoi du comment, Stitch se laissa docilement faire par Esther, qui semblait avoir décidé rapidement de quel côté elle était. C’était toujours mieux que de rester planté là, sans savoir quoi faire. Stitch se retrouva donc collé au lit d’hôpital de Liloo, en profitant pour lui rattraper la main comme pour se sauver d’une nuée de gens trop tactiles. Déjà que sa mère venait de lui faire un câlin comme s'il avait 5 ans… voilà qu’on le déplaçait comme un sac de patates… non, mais, suffit maintenant ! Il se laissa tout de même faire parce qu’il avait, au fond, toujours eu un peu peur de Esther. Il savait qu’elle n’aurait aucun mal à lui tenir tête si il essayait de dire quoique ce soit et… Stitch avait horreur des conflits. Même si là, ça avait l’air inévitable. Esther avait foncé tête baissée vers les parents qui semblaient aussi étonnés que Stitch de la voir débarquer sans gêne. Clairement, elle n’avait pas vécu avec eux, ou elle n’aurait jamais osé ! Il ne savait pas vraiment comment la mère d’Esther était, mais sa mère à lui avait tendance à ne pas se laisser faire et à dire des choses qui pouvaient faire mal. Il se tourna donc vers sa soeur Liloo, les yeux écarquillés, clairement paniqué. Malheur ! Elle ne savait pas à qui elle avait affaire ! Si même son père la fermait, c’est qu’il devait vraiment y avoir un truc. Mais c’était trop tard pour empêcher Esther de faire quoique ce soit. Alors, il ne put que la regarder à nouveau avant de se retourner vers Liloo pour lui murmurer:

Stitch: - Qu’est ce qu’elle fais, elle est folle !

Toute sa famille savait pourtant qu’il valait mieux laisser sa mère tranquille dans ces moments là. Il savait aussi que son père avait l’habitude de gérer ces moments là et de calmer la situation. Lui, il avait tendance à partir très loin et à mettre ses écouteurs pour s'échapper. Mais si Esther s’en mêlait, il n’était plus sûr de rien ! Cette situation n’avait jamais montrée le bout de son nez avant, et Stitch devait bien avouer qu’il avait peur pour tout le monde. Si sa mère disait un truc de travers, ça allait tout casser ! Il avait enfin retrouvé sa soeur, il ne voulait pas que tout recommence a zéro et que sa famille recomposée éclate à nouveau. Il avait peur que sa mère parle mal à Esther, il avait peur que Esther parle mal à sa mère, et que le résultat soit que Liloo préfère repartir... En plus de ça, il avait promis à son père de ne pas le laisser entre les filles quand elles s'engueulaient. Mais il n'avait jamais parlé d'Esther en disant ça. Du coup, il ne savait pas quoi faire. Stitch était Stitch, et fut donc incapable de communiquer quoique ce soit à qui que ce soit. Il flippait juste. Grave. Il ne put que rester là, lamentablement attaché à sa grande soeur blessée, tripotant un peu les fleurs posées sur elle, priant pour qu’elle survive à leur famille ainsi qu’a ses blessures. Même si sur le coup, ça avait l'air plus dur de survivre à leur famille. Ils se regardaient, et visiblement Liloo était aussi gênée que lui. Ils avaient beau faire semblant de ne pas entendre en se souriant bêtement, une bonne partie de la conversation fut tout de même facile à déchiffrer. Esther avait mis les pieds dans le plat et il était impossible de ne pas l’écouter attentivement. Stitch était choqué. Jamais il n’aurait osé faire ça. Ni à son père, ni à sa mère, ni à qui que ce soit. Il n’était même pas sûr d’avoir vraiment déjà haussé le ton dans sa vie. Son coeur se mis à battre et il se tourna définitivement vers la pauvre Liloo pour essayer de se concentrer sur elle, et pas sur ce qui se passait. Là bas, c’était bizarre. Ici, aussi. Sa soeur ne méritait pas tout ce qui lui arrivait. C’était vraiment pas juste. Lui voulait juste que tout le monde soit heureux, est ce que c’était trop demander à la vie?

Anna été passée tant de fois pour la méchante qu’elle ne put que lever les yeux au ciel lorsque Esther choisit de venir s’en mêler. C’était typique. Anna ne pouvait jamais gagner avec cette famille. Anna se préparer à rembarrer Esther avant qu’elle ne puisse dire quoique ce soit, mais c’était trop tard. Elle avait déjà commencé. Anna regarda Cory bien plus que Esther tout le long, ne sachant pas comment réagir. Elle n’en croyait pas ses oreilles et était prête à rétorquer tout aussi fort. Pourtant, quelque chose l’en empêchait: son ex mari. Ils venaient de passer une nuit des plus extraordinaires et Anna n’était pas prête à heurter Cory par le biais de sa fille. Elle choisit donc le silence temporaire, écoutant Esther en plissant les yeux comme une prof en colère qui n’allait pas tarder à vous sortir de classe. Pour qui se prenait elle? Anna avait toujours eu horreur de voir des gens plus jeunes se croire au dessus moralement, comme s’ils étaient magiquement capables de connaître les tenants et les aboutissants de chaque situation. NON. C’était elle l’adulte ici, et personne n’allait lui dire comment éduquer sa fille. Secouant la tête silencieusement comme pour nier les faits, Anna aurait voulu pouvoir échanger ses pensées avec Esther pour qu’elle puisse comprendre ce que ça faisait d’éduquer une fille qu’on avait cru perdre dès le jour de sa naissance, puis une deuxième fois, puis une troisième fois, et ainsi de suite. Anna avait beau se voir de l’extérieur, trouvant son propre comportement absurde… elle était incapable de faire autrement. Tout cela venait de ses propres traumatismes qu’elle n’avait aucune envie d’étaler devant tout l’hôpital. C’était sans doute pour cela qu’Anna continuait de regarder Cory pendant l’élancée lyrique d’Esther: lui avait été à ses côtés, lui aussi avait vécu avec la peur de perdre Liloo, lui aussi avait vu ce petit bébé si faible lutter contre la mort, et lui aussi devait faire semblant que ‘tout allait bien’. Mais lui n’avait pas les effets de la ménopause qui venaient s’en mêler. Esther non plus. Du coup, Anna était la seule qui passait pour une folle.Mais ses émotions n’allaient pas s’arrêter là, non non non ! Elle se devait bien de répondre à cette jeune Esther qui pensait bien faire mais qui se plantait sur toute la ligne.

Anna: - Ecoute.. j’aimerai pouvoir juste pleurer ou réagir normalement, mais je suis une mère et je ne peux pas supporter de la voir comme ça ! Je suis bien au delà des larmes, je suis dans la colère. La colère contre cet homme qui vous a attaquées. Alors excuse moi si je ne réagis pas comme tu le souhaites Esther, mais je vis avec la peur de la perdre depuis le jour de sa naissance, et je suis fatiguée ! Que vous le réalisiez ou pas, j’étais aussi une jeune femme, et je ne fais que vous dire ce que mes propres parents m’auraient dit. Je sais que je suis dure, mais c’est comme ça que les femmes de ma génération ont survécu à la vie. Pas avec des mots doux. On avait conscience que notre apparence et notre simple existence puisse attirer des hommes dangereux, et il me semble bien que c’est ce qui s’est passé cette nuit ! J’aimerai que vous vous en rendiez compte au lieu de vous comporter comme si ça arrivait à n’importe qui !

Anna ne pouvait que repenser à la jeune femme qu’elle avait été, si portée sur les études et rêvant d’une vie parfaite, calme et intellectuelle. Lorsqu’elle était devenue mère, elle s’était rassurée en regardant les films Hollywoodiens sur la famille, idéalisant complètement ce que ça allait être. Maintenant qu’elle avait l’âge qu’elle avait, tout cela lui semblait bien risible. Rien ne s’était passé comme prévu. La vie ne faisait que commencer pour Esther et Liloo, et elle ne voulait pas les voir gâcher leur vie en la prenant à la légère. Mais Anna savait qu’elle luttait contre le vent. La jeunesse avait toujours refusé d’écouter. Ce genre de façon de penser venait avec l’expérience. Anna avait tant rêvé de transmettre ses passions à ses enfants, avant de réaliser qu’ils allaient avoir leur propre personnalité, quoiqu’elle puisse dire ou faire. Et elle avait plutôt réussi à tous se les foutre à dos à force de vouloir les modeler à son image. Il fallait se faire à l’évidence: sa fille serait toujours son opposé, même si leurs choix se ressemblaient fortement. Anna ne se reconnaissait pas lorsqu’elle était en ‘mode maman’ mais c’était plus fort qu’elle. Elle avait choisit d’être stricte pour des raisons nobles: préparer ses enfants à la réalité du monde. Elle s’était malheureusement retrouvée avec deux enfants artistiques et la tête dans les nuages qui se foutaient bien de la réalité. C’était ça d’avoir des parents rêveurs ! Anna et son ex mari avaient connus l’éducation sévère à l’Irlandaise, et s’étaient laissés pousser des ailes dès qu’ils avaient mis les pieds sur le sol Américain. Pourtant, ni l’un ni l’autre n’avaient oubliés les précieux conseils de leurs parents. La génération de Esther, Liliane et Charles était si différente de la leur et si difficile à comprendre, car ils ne semblaient pas intéressés par ce qu’ils avaient à dire. Et Anna aurait aimé que ses enfants l’écoutent. Rien qu’une fois. Et voilà qu’elle se retrouvait face à Esther, ce qui lui rappelait déjà bien trop le passé par ce qu’elle représentait. C’était sa naissance qui avait chamboulé sa vie de couple à l’époque.  Esther n’y était évidement pour rien, mais Anna avait toujours eu du mal à tourner la page sur cet épisode de la vie de Cory. Elle lança d’ailleurs un regard à ce dernier histoire de bien lui signifier qu’elle allait retenir le fait que SA fille à lui se permette de lui parler comme ça.

Anna: - On se tue a s’occuper d’elle depuis TRENTE ans même si elle a TOUT fait pour qu’on ne le fasse pas, TOUT ! Alors oui je pète un câble, mais si tu as une solution miracle pour garder ma fille en vie Esther, je suis toue ouïe !

Sa fille avait choisit de partir non mais une, mais deux fois. Il était donc hors de question que Esther la fasse passer pour une mère absente ! Et il était hors de question qu’elle s’explique sur sa propre nuit. C’était la fille de Cory, pas la sienne. Anna ne devait donc rien à Esther, même si elle faisait des efforts pour ne pas trop exploser sur cette dernière, ne voulant pas commettre l’irréparable. Anna voulait juste qu’on la comprenne. Mais ça semblait mal barré. Comme d’habitude. Mais si Esther voulait jouer les mamans protectrices, Anna n’allait pas l’en empêcher. Peut-être qu’elle finirait par comprendre que ce genre de choses ne se limitait pas à du soutien. Le soutien n’empêchait pas un enfant de traverser la route ou de ne pas de mettre ses doigts dans une prise. Et Anna l’avait rapidement compris: la vie de parent, c’était pas comme dans les films. Cela ressemblait plutôt à un jour sans fin, des nuits sans sommeil, et du stress constant. Liliane avait beau être adulte, Anna se devait de lui rappeler constamment qu’on ne jouer pas avec le feu. Et elle n’y prenait aucun plaisir. Elle aurait préféré avoir une relation normale avec sa fille, mais vu la réaction d’Esther, Anna sentait qu’elle y était allée un peu trop fort. Mais il était trop tard pour revenir en arrière, et Anna ne comptait pas s’excuser, surtout vu tout ce qu’elle venait d’entendre. Difficile de se calmer après de telles paroles ! Elle se tourna vers Cory qui avait réussit à se faire oublier assez longtemps pour éviter de répondre aux attaques qu’on lui lançait.

Anna: - Et toi je suppose que t’as rien à dire….
Cory: - Oui là, je vais éviter sur ce coup…. Hein Esther… Hum.

Oh elle savait bien qu’il n’allait rien avoir à dire. Cory aimait bien trop ses enfants pour leur dire quoique ce soit. C’était à la fois adorable et profondément agaçant. Mais il avait perdu tant d’années sans Esther, c’était compréhensible. Il n’allait pas prendre partit et ne le ferait surement jamais. Cory et Anna avaient deux modes de pensées, mais qui consolidaient un même modèle. Ils s’en étaient rendus compte il y a bien longtemps, lorsqu’ils étaient étudiants, occupés à débattre de physique. Difficile de comprendre ce qui les animait sans les avoir connus à cette époque. Car avant d’avoir été parents, ils étaient ingénieurs, animés par ce besoin intense de régler des problèmes. Et il leur était impossible de réfléchir autrement. Mais c’est bien pour ça qu’ils se comprenaient. Maintenant qu’elle retrouvait l’homme de sa vie…elle réalisait qu’elle n’avait jamais cessé de le comprendre. Il n’avait jamais été passif, mais plutôt prêt à écouter. Il avait toujours été pareil à lui même: c’était elle qui s’était perdue. Anna aurait adorer détendre l’atmosphère en rajoutant que Cory était loin de s’effacer au lit, et n’en fit évidemment rien, histoire de ne pas choquer la galerie. Mais c’était cette pensée précise qui s’était pointée dans sa tête lorsqu’Esther avait prononcé ces mots, et ça l’avait fait rire, intérieurement. Difficile de penser à autre chose sur le coup. Elle était vraiment la pire des mères à penser au sexe au lieu de penser à sa fille. Mais c’était atrocement difficile de ne pas y penser en étant si proche de Cory. Et Dieu sait qu’elle aurait voulu pouvoir revenir dans cette chambre d’hôtel plutôt que d’affronter cette foutue réalité !

Cory lui, avait commencé par tenter d’arrêter sa fille en plein élan, avant qu’elle ne parle, en lui faisant un petit regard d’alarme. En vain. Elle n’avait pas voulu suivre son humble suggestion et avait dit tout ce qu’elle avait à dire à Anna. Aïe. Il y avait bien trop de caractères forts dans cette famille pour s’en sortir en un seul morceau. Au secours. Cory savait qu’Anna allait très mal réagir. Mais elle fut quelque peu surprenante et sembla…presque…faire des efforts dans sa réponse. Presque. Lui espérait s’en sortir comme d’habitude en regardant le plafond, mais sa fille semblait bien décider à le ramener de force dans cette histoire. Hé ! Pas cool. Il se contenta de la regarder d’un air amusé plutôt que mécontent, faisant mine d’être un peu surpris qu’elle lui fasse ce genre de remarque alors qu’il n’avait rien fait pour s’attirer ses foudres. Cory resta donc calmement là, sans réagir de façon négative. Il ne pouvait pas être en colère contre Esther, ni contre Anna. Les deux avaient raison à ses yeux, et c’était bien de là que venait son silence. Tout le monde était sous le choc, tout le monde était triste, stressé…et à bout de nerf. Hurler ne servait à rien, et il n’allait pas jouer à ce jeu. Il était peut-être trop rationnel, mais on lui avait apprit jeune à gérer ses émotions, surtout en public. Loin d’être gêné par les gens autour d’eux, il était plutôt triste de voir à quel point sa famille en venait rapidement aux…mots. Cory avait laissé Esther et Anna s’expliquer en jetant un oeil vers Liloo et Chuck qui faisaient leur petite vie un peu plus loin. Les pauvres, ils allaient encore devoir entendre parler de cette histoire pendant un bon moment. Il allait vraiment devoir discuter avec Anna. Surtout s’ils voulaient reconstruire quelque chose ensemble. Mais pas ici. Pas maintenant. Surtout pas avec leurs enfants dans la pièce. Il ne voulait pas la décrédibiliser à leurs yeux, vu qu’elle lui avait reproché de le faire dans le passé. Et il était grand temps de changer leurs mauvaises habitudes….

Il aurait bien proposé que tout le monde s’excuse histoire de satisfaire les élans justiciers de sa fille, mais il savait que c’était trop en demander à Anna. La fierté mal placée, tout ça. C’est pas des choses qu’on oublie dans la seconde. Cory était donc bel et bien coincé. Qu’est ce que son fils attendait pour venir le sauver? Ils avaient un deal entre eux pourtant: quand les femmes s’énervent, on-se-tire ! Ou ça n’en finissait jamais ! Liloo, Anna, et maintenant Esther… toutes semblaient se prêter à cette coutume familiale: la dispute inutile. Mais Charles semblait scotché à sa soeur, comme quand il était petit, et il ne put que trouver ça mignon. Se retrouvant donc seul pour gérer les deux guerrières, Cory soupira, n’ayant pas peur de montrer sa déception. Anna semblait un peu plus calme maintenant qu'elle avait dit ce qu'elle avait sur le coeur, et peut-être que Esther allait en faire autant. Il les regardait, toutes les deux, montrant bien qu'il n'allait pas participer si le ton ne changeait pas radicalement. Mais il espérait secrètement pouvoir retourner voir les deux petits Liloo et Stitch, délaissés plus loin. Espérant très fort que s’il n’en disait pas plus, ou s'il le souhaitait assez fort, peut-être que ces dames allaient trouver une solution par elles mêmes….

Liloo était réellement soulagée de savoir que son cadet n'avait rien, tout comme ses parents d'ailleurs. Sa mère n'arrêtait pas de lancer des piques sur le fait qu'elle soit la seule blessée de sa famille. Le pire dans tout ça, c'était qu'Esther et elle avaient été bloqué avec d'autres personnes qui avaient des blessures pires qu'elle. Mais sa mère s'en foutait de ça. Heureusement, sa demi soeur savait très bien ce qu'il s'était passé, pour une fois Liloo n'avait rien provoqué, rien chercher.  C'était l’œuvre de Destin tout ça, la faute à " pas de chance", ou le mauvais endroit au mauvais moment, on ne sait pas trop comment nommer les choses. Et voilà que sa mère en rajoutait une couche, sa mère devrait plutôt se sentir reconnaissant envers on ne sait qu'elle Dieu au lieu de gueuler. Liloo se tait, c'est plus facile, elle est fatiguée et puis, elle ne veut rien dire devant Charles...Elle sait qu'il n'aime ni les cris, ni les disputes. Alors, elle se contente d'ignorer totalement sa génitrice.

- Merci Chuck pour les fleurs... Elles sont magnifiques ! Malheureusement, je n'ai pas de vase, j'ai peur qu'elles fanent sans eau et ce serait dommage. Mais, je les adore, vraiment !

Elle esquisse un sourire à l'attention de son cadet, Charles était un véritable amour, c'était bien dommage que les filles ne se rendaient pas compte de la gentillesse et de l'amour qu'il pouvait offrir. Elle laisse Esther prendre ses parents à part, entendant absolument tout ce qu'il se disait, le pétage de plomb de sa demi soeur entre autre. Elle n'est pas dupe, elle sait très bien que c'est une mauvaise idée, elle sait très bien que sa mère va elle aussi péter les plombs. Liloo regarde Charles et hoche doucement la tête.

- Elle la connaît pas comme on la connaît... C'est pour ça...

Liloo attrape la main de Charles et accroche son regard au sien. Non, il ne faut pas qu'il écoute, faut qu'il se concentre sur elle et pas que ça lui fasse du mal.

- Racontes moi ce que t'as fait, Stitch, pendant la tempête... T'as pu écouter la musique ? Ou composer ?  Ou as tu trouvé les fleurs ?

Elle se doute que son frère a peur qu'elle parte. Elle ne veut pas non plus l'inquiéter, comme elle ne veut pas inquiéter son père, sa mère ou sa demi soeur. Elle veut juste savoir si tout le monde va bien, si Ethan à survécu à ça lui aussi. Elle sourit à nouveau à son cadet et décroche son regard du sien. Elle finit par les appeler.

- Revenez par là... S'il vous plaît...

Elle attend qu'ils reviennent, elle attend qu'ils soient près d'elle avant de les regarder, ne lâchant pas la main de son frère.

- Calmez vous, c'est pas l'endroit pour péter les plombs, c'est pas le moment pour hurler, je vais pas partir Charles, je vais pas partir maman, mais arrête de t'inquiéter ou de t'occuper de moi...  T'as pas eu à t'occuper de moi pendant de longues années... Je ferais en sorte de plus jamais avoir besoin de toi... Je me démerderais, ne t'en fais pas pour ça... J'ai compris, j'imagine que toi aussi Papa tu dois penser la même chose...

Bien sur qu'elle se sentait mal, peut être même encore plus mal qu'à son réveil. Elle n'en voulait pas à Esther, pas du tout même. La blonde baissa les yeux, refoulant ses larmes histoire de ne pas attirer un peu plus l'attention.

- Je sais que j'vous cause beaucoup de tort depuis que je suis revenue à Galway... Je voulais pas tout ça, et j'y peux rien si la tempête n'a pas été annoncée et que j'avais un rendez vous médical ici... On nous a confiner pour notre sécurité... Alors, j'ai rien provoqué... Enfin, ouais c'est vrai maman, tu n'aimes pas mes tatouages... tant pis, de toute façon, ce sont mes choix... J'ai -  bientôt - trente ans comme tu le rappelle si bien et tu as aussi loupé une bonne partie de ma vie... Je n'aurai jamais le métier aussi respectable que toi, je sais que je suis une moins que rien à tes yeux, je l'ai bien compris... Je ne serais jamais au niveau de Charles, parce qu'il est largement plus intelligent que moi... Faut vous y faire... Mais je serais plus un poids pour vous... J'vous le promets...

Une larme, puis une deuxième s'échappèrent, mais elle les essuya rageusement. Hors de question de pleurer.