[FB] Make a wish - ft. Dimka

Pas de soirée, pas de réception ni de dîner de prévu ce soir-là. La maison était étrangement silencieuse, froide et sombre pour un soir d’anniversaire. Parce que, oui, il y avait bien quelqu’un qui fêtait son anniversaire aujourd’hui sous le toit des Beckmann. Et ce n’était pas dans les habitudes de la famille de ne rien organiser pour un jour pareil, alors c’était presque impossible pour une personne extérieure au cercle des proches de deviner que Noah soufflait sa troisième dizaine de bougies. Et il fallait dire aussi que la tatouée n’avait pas non plus les allures d’une jeune femme qui gagnait ce jour-là une année de plus. Les cheveux rassemblés sans grand ménagement en un rapide chignon sur le haut de son crâne, la blonde avait enfilé un pyjama et s’était même emmitouflée dans un plaid avant de s’asseoir au coin de la cheminée du salon.

Elle se sentait seule ce soir, Noah. Après tout, elle était réellement seule. Son père s’était envolé quelques jours auparavant sans donner de date de retour précise pour des affaires à Dublin et ses frères ne donnaient plus que rarement des signes de vie ces derniers temps, bien obligé de vivre eux aussi leurs petites vies de leurs côtés. Mais après les récents événements qui avaient ébranlé la Beckmann et tout Galway avec, la blonde aurait plutôt pensé qu’ils lui feraient l’effort de libérer un peu de leur temps pour elle. Surtout en ce jour, non ? Bien qu’elle redoutait d’entamer une nouvelle dizaine dans sa vie, Noah aurait apprécié passer du bon temps entourée des proches qu’elle aimait. Mais encore ce soir, il semblerait qu’elle ne soit encore passée au second plan de leurs vies. Puis c’était pas faute d’avoir échafaudé mille et un autres plans en envoyant quelques sms et passant d’autres appels pour tenter de rattraper le coup. Personne ne semblait être disponible pour la blonde. Fallait bien reconnaître aussi qu’avec la tempête et ce qui s’était passé récemment, tout le monde ne pouvait ou n’avait pas forcément les idées à faire la fête. Elle aussi, d’ailleurs, se remettait à peine de ses blessures et traumas.

Et c’était la sonnette de la porte d’entrée qui avait extirpé Noah de sa rêverie, l’obligeant à quitter son plaid et abandonner sur le rebord de la cheminée le verre de whisky qu’elle s’était servie un bon vingt minutes plus tôt sans qu’elle ne l’ait pour autant encore touché. Vérifiant l’heure sur son téléphone, la blonde fronçait les sourcils. Si elle avait d’abord pensé au livreur qui devait lui ramener son plat, la Beckmann avait fini par se dire que c’était bien trop tôt pour que ce ne soit déjà lui à la porte. Elle venait à peine de passer sa commande. Alors c’était presque en trottinant que Noah rejoignait l’entrée de sa maison. « Oh ! Dimka ? » avait-elle lâché en découvrant le russe sur le pas de sa porte, sans pouvoir cacher sa surprise.

Elle restait plantée là, Noah, les sourcils haussés et un énorme sourire plaqué sur ses lippes. « Qu’est-ce que tu fais là ? Je pensais que... enfin tu m’avais dit que t’étais occupé ce soir » Elle était vraiment contente de le voir, elle ne pouvait pas le nier la tatouée. « Et t’as fait la route avec ton épaule et ton bras tout cabossés ? » ne pouvait-elle pas s’empêcher de demander, la Beckmann, alors que ses yeux s’étaient posés sur le bras de Dimka encore maintenu par une sorte d’attelle. Lui aussi, la tempête ne l’avait pas loupé ce soir-là et il était sans doute passé par une belle porte. « Mais bon, maintenant que t’es là tu vas pas repartir… Rentre ! Je venais d’ouvrir une bouteille au salon, j’attendais juste ma lasagne. Je croyais qu’elle était arrivé mais... c’était toi » qu’elle finissait pas dire en se décalant de la porte, le regard malicieux.

Elle ne s’était pas doutée, Noah, qu’en ouvrant cette porte, tout le programme de sa soirée serait chamboulé par cette visite inattendue. Sans doute inespérée aussi. Et elle n’aurait pu rêver mieux qu’un tête à tête le jour de son anniversaire avec l’homme qui occupait pas mal ses pensées et attisait tant sa curiosité ces dernières semaines. Alors c’était impossible pour la tatouée de se défaire de ce fichu sourire un peu niais qui s’était emparé de ses lèvres, lui donnant cette impression d’être à nouveau un collégienne découvrant les premiers émois de la vie. Mais il fallait dire aussi que Dimka savait se montrer charmeur avec elle et n’avait pas hésité dès ses premiers mots ce soir. « Peut-être bien, oui… J’avais envoyé un message à la dernière minute, tu pouvais très bien avoir quelque chose d’autre de prévu au programme » qu’elle avait répondu d’une petite voix, la blonde, tout en refermant la porte derrière le russe.

Elle ne s’était pas non plus doutée, la Beckmann, qu’elle se retournerait sur un Dimka qui lui tendrait timidement un petit paquet. Et pourtant, c’était bien ce qu’il se passait. Le sourire de Noah s’agrandissait encore un peu plus avant qu’il ne soit vite remplacé par une moue attendrie  sur le visage de la blonde. « Dimka ! Bien sûr que j’aime le chocolat, c’est même ce qui coule dans mes veines. Mais… Tu n’avais pas forcément besoin de me gâter tu sais » lui répondait-elle, attrapant le paquet de ses petites mains. « Ça me fait vraiment plaisir, merci beaucoup » qu’elle ajoutait aussi la blonde, si hissant même sur la pointe de ses pieds pour pouvoir planter un petit bisous sur la joue du Khlystov. « Viens, je vais plutôt l’ouvrir au salon. On s’installera dans le canapé, ce sera mieux » finissait-elle par proposer à Dimka, se disant qu’au final, se serait plus sympa et plus confortable pour eux.

Alors elle s’était dirigée vers le salon, Noah, le russe sur ses talons. Elle avait allumé les lumières, rapidement replié le plaid et mis de côté le verre qu’elle s’était servi quelques instants plus tôt. Et elle s’était presque laissée tomber dans le grand divan, face à la cheminée, tapotant la place juste à côté d’elle pour y inviter Dimka. Puis reprenant ce petit air de gamine le jour de Noël, Noah avait reporté toute son attention sur le paquet qu’elle se mettait enfin à ouvrir. Mais elle s’était stoppée dans sa lancée, la tatouée, en entendant la question du russe, lui arrachant un petit rire discret. « Déçue ? Je l’étais un peu quand j’ai compris que je devrais partager ma lasagne… Mais tu te rattrapes plutôt bien » qu’elle avait osé rétorquer, Noah, avec un air qu’elle espérait des plus sérieux possible. Sauf qu’elle n’avait pas su le garder bien longtemps, incapable de retenir le sourire qui se profilait sur ses lèvres.

Et adressant un clin d’oeil amusé à Dimka, Noah avait fini par ouvrir le sac que ce dernier lui avait tendu à son arrivée. Tombant d’abord  sur une boîte de chocolats qu’elle avait déjà envie de dévorer, la blonde avait aussi découvert cet autre petit paquet intriguant à côté. Et elle n’avait pas su retenir cette exclamation de surprise lorsqu’elle avait découvert le bracelet qui se cachait à l’intérieur. « Vous êtes très surprenant et avez très bon goût, Monsieur Khlystov… Ça me donnerait presque envie de remercier cette fichue poutre » disait-elle, Noah, tout sourire et continuant d’admirer le bijou qu’elle tournait au creux de ses doigts. Et c’est là qu’elle l’avait vu. « моя самая прекрасная встреча ». Cette petite gravure en russe qu’elle était incapable de comprendre. « Il est très beau, franchement ! Mais tu veux bien me traduire ce qui est gravé ? J’ai encore un peu de mal à déchiffrer ta langue maternelle… » qu’elle disait, une lueur d’amusement dans son regard brillant alors qu’elle se penchait vers Dimka pour lui tendre le bracelet. «  Puis si tu veux bien m’aider à le mettre aussi, s’il te plaît »