[Zone 1] Don't worry I'm here ft Cali

Mon père avait disparu le week-end dernier. Et je ne savais pas du tout quoi penser ou quoi faire. Ce n’était pas le moment. Enfin si on peut considérer qu’il y a un “bon” moment pour voir son père disparaître … Et en même temps depuis janvier que nous étions dans les travaux avec Hélios, les choses n’étaient pas faciles mais on était aussi occupés. On avait eu quelques merdes aussi mais là … normalement le Cali Cupcake’s Wonderland devrait ouvrir début juin. Si tout se passe bien mais normalement on est dans les temps. Et là … coup de massue. Papa. Mon petit papa. Une des personnes les plus importantes de ma vie. Je n’avais qu’une seule idée en tête. Il devait approcher du but. J’en étais persuadée. C’était impossible autrement. Pourquoi s’en prendre à lui sinon. Pourquoi, c’était un homme aimé et aimant. Un peu strict mais toujours pour notre bien. Et c’est probablement ici seulement mon regard de fille à papa qui parle. En temps que chef de la police, enfin ancien chef de la police, il avait peut être des ennemis. Et même très certainement oui … mais je ne voulais pas penser à ça. D’ailleurs je ne pouvais pas supporter les regards compatissants des gens. Même s’ils ne sont pas volontaires ou qu’ils ne sont pas méchants. L’idée qu’il puisse être mort m’était insupportable. Non on allait le retrouver vivant quelque part. Comme Nikita Khlystov, non?

Je ne savais pas si j’aurai la force de me montrer polie et souriante les deux jours de la kermesse mais c’était quelque chose à laquelle nous nous étions engagés avec Hélios. Je ne voulais pas annuler. Et même, pour ma future entreprise, je ne pouvais pas annuler. J’imaginais déjà avoir annulé et voir mon père sortir en trombe de la voiture et venir m’engueuler en me disant que c’est à un parent de s’inquiéter de ses enfants et pas l’inverse. Oh oui il me tirerait les oreilles et il aurait raison. Il ne voudrait pas que j’arrête de vivre parce qu’il a disparu et il me dirait « Les McMurphy c’est des durs à cuire ! »  phrase que je répétais comme un mantra depuis ce fatal 18 avril. Alors non, Hélios m’avait proposé mais il ne fallait pas. On en avait besoin. Et puis … le restaurant scolaire aussi avait besoin de nous. Il fallait participer aussi. Non papa n’aurais pas aimé du tout que je devienne égoïste à ne penser qu’à mon malheur et ma douleur de ne plus pouvoir le voir.  

« Les McMurphy c’est des durs à cuire ! » murmurais-je à voix basse en voyant la mère d’un des camarades de Roméo me saluer de loin « Ne viens pas me voir ne viens pas me voir … ne viens pas me voir.  » répétais-je entre mes dents. Mais elle semblait avoir peur. Peut être que je faisais peur. Tant mieux. Je déglutissais doucement et difficilement. Hélios avait été remarquable depuis qu’on était arrivé. Il avait tout géré, c’était souvent surtout lui qui parlait. Je l’aimais mon homme. Je ne pouvais pas rêver mieux. Il gérait les choses comme il pouvait et la situation n’était probablement pas facile pour lui non plus. McMurphy et McPherson c’était une bien grande famille. Soudée et unie qu’on soit de sang ou en couple. Ou alors un électron libre mais aux atomes crochus avec tout le monde comme Lonan! Heureusement qu’il était là parce que je crois que sinon je n’aurai jamais pu tenir. J’avais passé trois journées aux fourneaux pour pouvoir avoir de quoi proposer en masse à la kermesse. Et avouons le, aussi parce que j’avais besoin de penser à autre chose.  Ca avait marché. J’étais là surtout pour remplir la table qui nous était attribuée.  " Ça va? Tu as besoin de quelque chose? Je vais tenter d'aller nous chercher à boire..." je le regardais et allais vers lui pour passer mes bras autour de lui et poser ma tête son son torse. « Là, maintenant ça va mieux » dis-je en fermant un peu les yeux. Boire quelque chose, oui ça nous ferait du bien je pense. « Bonne idée oui, un petit jus de fruit, un peu de vitamine pour contrer les faux-culs et les maladroits » dis-je en souriant un petit peu. "Je crève de soif à force de faire des sourires idiots à ces neuneus de parents d'élèves!" je riais un petit peu et me défis de lui. Je ne pouvais pas me servir de lui comme béquille si tôt, sinon, je ne pourrais absolument pas m’en défaire. Et je ne serai plus bonne à rien. Si j’étais réellement utile de matin.  « Tu m’étonnes » dis-je en découpant de nouvelles part dans une tarte poire amandine. « Combien d’entre eux pensent exactement la même chose que nous ?  » dis-je essayant de sourire et en regardant les parents autour de nous.

J’étais perdue et je ne savais pas du tout quoi penser. L’idée de pouvoir perdre mon père ne m’était en réalité jamais venue à l’esprit. Je ne suis pas une personne stressée ou bien qui pense à la mort tout le temps. Comme tout le monde il m’arrive d’avoir ce genre d’idées oui, mais pas au point d’être paranoiaque. Et maintenant. Je m’inquiète de tout. Depuis une semaine je suis devenue invivable, toutes les nuits je les passe au chevet des petits, dans le noir rien que pour m’assurer que tout va bien et que tout va aller bien. Papa est ce que l’on peut appeler un fier irlandais. Catholique très croyant. Un esprit un peu rigide mais pourtant pas fermé puisque même quand Gaïa nous a présenté à tous Charlotte la demoiselle a été bien acceptée. C’est une chose que je n’aurai pas forcément imaginé possible pour Alastair, Brendan Dashiell ou moi. Mais c’était la vie, et les temps avaient changé. Mon père était toujours ce héro à mes yeux et ça ne changerait jamais.

Cette kermesse pourtant… était honnêtement très difficile mentalement à supporter. J’en pouvais plus des regards et des messes-basses. Je ne comprenais pas pourquoi tant d’acharnement. Je me sentais comme … ces accidents de la route. Tout le monde qui passe ne peut s’empêcher de regarder comme une fascination morbide. Et j’ai aucune envie qu’on me regarde ou qu’on me pose des questions. Encore moins que l’on s’appitoie sur mon sort. Je ne suis pas la seule à avoir un être cher qui a disparu et j’espère sincèrement ne pas avoir été comme ils sont maintenant avec les parents de Callum ou ceux de Saoirse. Je suppose qu’ils n’y peuvent rien …
Je crois que les choses vont mieux avec Hélios aussi. Pas qu’elles aient été mal. Mais la routine, les séance avec la conseillère conjuguale. Je ne sais pas si c’est ça qui fait que ça va mieux, ou si c’est simplement le fait que papa ait disparu. Il est tellement attentionné et plein d’amour. Plein de petits détails qu’il pense que je ne voie pas mais qui comptent beaucoup pour moi. Depuis une semaine presque, je n’ai plus correspondu avec mon admirateur secret. Je n’en ressent plus le besoin. C’est étrange je dois l’avouer. Il y a eu pendant très longtemps une sorte de défi d’excitation à l’idée de continuer à lui envoyer des messages, de savoir qu’on se cherche un peu qu’on se tourne autour. Mais maintenant c’est presque comme si ça me mettait mal à l’aise. J’avais vraiment besoin de me retrouver avec ma famille. Sans élément extérieur.  J’avais besoin de ma famille. Besoin de les savoir là avec moi. Et la présence d’Hélios là maintenant, était purement bénéfique. "Tu sais que je suis fier de toi?" je soupirais un petit peu et le regardait avec des yeux d’enfants. « Pourquoi tu dis ça ?  » ce n’était certainement pas ce qu’il s’attendait à me voir répondre. Ou peut être pas, il me connaissait bien.

" Alors va pour un jus de fruit. Je pars pas longtemps." je lui souriais. Je lui en était vraiment très reconnaissante. Je ne pouvais pas être plus heureuse de l’avoir dans ma vie. Je ne voulais pas remettre tout ça en jeu pour un stupide flirt avec une personne que je ne rencontrerai probablement pas. Est ce que je disais ça là maintenant sous le coup de la situation. Peut être. Est ce que je reprendrai contact avec Gatsby plus tard? Peut être … je n’en savais rien. "Tous princesse!" je souriais doucement il avait raison. Nous étions tous une bande de faux-cul finalement, pas vrai? "La différence c'est que toi et moi on sait qu'on est vraiment au dessus du lot!!" je laissais un petit rire s’échapper de mes lèvres. Il avait raison. Et je le savais bien. Je le regardais partir à regret mais c’était pour notre bien. Il allait nous ravitailler! J’essayais donc de m’occuper du stand en son absence et cela m’obligeait à sourire et même parler aux gens. Pas que je ne sois pas sociable, mais ici … tout le monde parlait de l’incendie ou de la disparition de papa. Et ça ne manquait pas. La gentille au demeurant Madame Pot-de-fleur comme la surnommait les enfants venait me voir et commença a m’arroser de questions sans au final me laisser le temps de répondre à aucune d’entre elles. Je sentis mon coeur s’emballer et même mes poils se hérisser. Je devais rester calme surtout. De loin j’aperçus Hélios lui aussi semblait avoir été harponné par un habitant bien intentionné -je l’espère- priant pour qu’il revienne vite. « Oui je comprends Madame Pot-d » je me repris tout de suite « Podmore. Je comprends très bien. Mais ne vous en faites pas on va finir par lever assez d’argent pour reconstruire le restaurant scolaire » dis-je du bout des lèvres. Fatiguée, épuisée même. " Bonjour madame! Ma femme va retourner cuisiner et je vais vous servir dites moi tout!" et tel un chevalier sur son beau destrier mon époux vola a mon secours. Un large sourire aux lèvres je déposais un baiser sur sa joue et au creux de son oreille un léger « Merci mon amour » avant de retourner à la voiture ou il y avait encore un petit peu de marchandise et des tracts pour l’ouverture de la boutique. Le 10 Juin. Le jour de l’anniversaire de notre aînée. Madame Pot-de-fleur partit heureusement bien vite, Hélios savait y faire. Je devais sembler plus facile à tenir la jambe lui avec son physique imposant et ses yeux perçants … on n’avait pas trop envie de s’y frotter. Je retournais vers lui profitant qu’il y ait une légère accalmie pour boire le verre qu’il avait été nous chercher. « Tiens pour le courage!  » dis-je en lui tendant son verre.

La journée allait bien se terminer à un moment. Je regardais ma montre et constatais qu’il ne restait plus qu’une dizaine de minutes. « On peut commencer à ranger un peu » il n’y avait heureusement plus trop de monde, c’était pas plus mal. Et quand on regarde l’état du stand. Ca peut aller. Les cupcakes avaient eu du succès et les tartes étaient presque toutes parties jusqu’à la dernière poire. La pile de tract avait aussi sensiblement diminué. « Je vais ranger ce qui peut être rangé » les plats vides les couverts ce genre de choses qui nous fera gagner du temps plus tard. Après avoir ramené les plats que j’avais méthodiquement calés dans le coffre, sur le trajet du retour je tombais sur deux mères qui discutaient entre elles. ”Tu as vu ces rumeurs de Merrow … il était plutôt louche papa McMurphy, je veux dire tout le monde le savait, tout le monde l’a vu” ”Mais tout à fait et pourquoi est ce qu’elle n’a pas l’air en deuil ! Enfin … elle toussa et je me cachais, je ne pense pas qu’elles m’aient vue. "Je veux dire je ne suis pas sûre qu’on le retrouve vivant!"  ”je suis persuadée qu’il est mort oui !" et puis un petit silence. Je sentis doucement mes muscles se crisper.. ”Ah regarde moi cet homme. Il est tellement beau!" ”Qu’est ce qu’il peut lui trouver à Cali! Moi avec ce physique j’irai voir ailleurs ! Genre ... dans mes draps à moi ... ” et je sentis le poids de cette idée peser sur mes épaules. Aller voir ailleurs. Est ce qu’Hélios m’avait déjà trompée. Je sentis ma tête tourner un peu et j’entendis les voix s’éloigner je pouvais donc sortir de ma “cachette” pour tomber nez-à-nez avec Hélios. « Oh tu es là, désolée je revenais » dis-je en passant une main sur ma nuque génée. Heureusement je ne m’étais pas mise à pleurer. La honte sinon!

Je crois que c’est surtout mes nerfs qui me jouaient des tours. Je ne devrais absolument pas me poser ce genre de questions. Helios est un père et un mari aimant et attentionné. Je n’imagine pas qu’il puisse aller voir ailleurs. Malgré toutes ces années de couple. Malgré … la thérapie de couple. Nous nous retrouvions un peu ces temps ci et c’était pas pour me déplaire. Bien loin de la. Mais depuis le temps que ca tournait au ralenti. Est ce qu’il avait lui essayé de voir ailleurs. Je ne pourrais pas lui en vouloir. Enfin si mais je veux dire … est ce que je n’étais peut être plus celle qu’il avait épousée. Est ce que j’avais peur être changé. Même sans le vouloir. Mine de rien … j’avais eu quatre enfants des enfants qui sont les siens évidemment. Mais quand même. Est ce que le jour une une femme devient une mère son mari ne la regarde pas différemment ?
Oh bon sang et je m’en voulais de penser tout ca a cause de ses deux vilaines bonne femme parce que Helios et moi avons toujours été un couple solide. Mal assorti aux dires de certains. Et apparemment de ces deux femmes qui n’hésiteraient pas le moins du monde à mettre mon époux dans leurs lits si elles en avaient l’occasion. En temps normal j’aurai assez de confiance en moi pour dire que cela n’arriverait jamais. Mais la dernière semaine a été dure et j’ai entendu tellement d’horreur débitées sur ma famille que … mon cerveau se met à se dire que c’est peut être vrai … je ne sais pas. Je dois avouer que le contrecoup de la journée commence à me tomber dessus.
Probablement aussi parce que … je ne suis pas blanche comme neige. Depuis des mois maintenant je correspond avec ce mystérieux correspondant. Gatsby. Il est gentil. Il est généreux et a l’écoute. Oh bien sûr Helios est gentil généreux et à l’écoute. Mais … c’est pas pareil. Je ne saurai pas comment expliquer. Il n’y a pas de sentiment. Nous ne nous sommes même jamais vu ou téléphoné. C’est un peu idiot Hein ?

" Ça va? Un problème?" Helios me surprend, perdue dans les pensées alors que j’étais en train de me poser milles questions. Je levais les yeux sur mon mari et je me dis que … elles ont raison. J’ai de la chance d’être avec lui. Un léger rire gêné sortir de la bouche et je souriais en haussant les épaules « Heu oui oui tout va bien ! J’ai juste hâte de rentrer à la maison. » et ca c’était bien vrai ! Et je l’emmenais un peu plus loin pour continuer de ranger les affaires. La kermesse était finie pour aujourd’hui. Ouf !

Mes les deux rapaces tournaient autour de nous sans arrêt. Laissant traîner leurs yeux un petit peu trop sur mon mari. Maintenant c’était plus de la colère que je ressentait. Oui comme on dit on peut passer par milles émotions quand on ressent un deuil. Même si papa est pas mort … il n’est que disparu. Il n’empêche que c’est tout de même le même genre de sentiments et de choses à gérer. "Tu les connais ces deux là?" oh non Helios les avait remarqué. « je sais pas mais en tout cas tu semble leur plaire ! » dis-je en haussant les épaule agacée. Et c’était apparemment aussi le cas de Hélios qui lors d’un passage à côté de moi se décida de m’embrasser avec passion. Un baiser comme je suis triste de le dire n’était pas arrivé depuis un moment a cause de la lassitude et la routine qui avait englué notre couple. Alors je dois avouer que j’en ai profité pleinement. Passant mes bras autour de lui pour le garder tout contre moi. Mon mari mon homme à moi. « Voilà qui devrait leur en boucher un coin » dis-je doucement, mon front posé contre le sien avant de rire aux éclats. C’était tellement bon de se retrouver. En quelques secondes en un “simple” baiser il avait réussi à me calmer. Oui il était bel et bien l’homme de ma vie. Je déposais un nouveau baiser sur ses lèvres, pour le plaisir, et quel plaisir, puis nous terminons ensemble de ranger le stand.

« Tu préfères quoi? Un surgelé » parce que oui, pas question que je cuisine, pour sa santé, pour notre santé à tous « Ou bien on picore ce qui reste ? » dis-je alors que je me servais en tout cas un petit verre de vin blanc pour faire passer la journée et éloigner loin … très loin de moi les regards de pitié des gens … et l’idée que mon mari ait pu être infidèle.

S’il y a bien une chose à dire sur Hélios et moi, c’est que l’on est proches et fusionnels. Nous l’avons toujours été. Et même après toutes ces années nous l’étions encore. Évidemment le temps avait fait son œuvre. Et la passion de notre jeunesse n’était plus aussi ardente. La routine nous était tombés dessus. Et que dire. Après quatre enfants forcément. On a essayé. Et encore essaye. Mais à vrai dire rien ne semble fonctionner vraiment. Une chose est sure je ne me vois pas le quitter. Je n’en ai d’ailleurs je vous prie de me croire aucune envie. Loin de la je l’aime et je l’aimerai toujours. Il a été mon premier amour. Oui. Et il sera le dernier car je ne vois pas ma vie dans lui. Et non je ne me vois pas le tromper non plus. Quoi qu’on ait pu me conseiller ou me dire. Même si discuter avec Gatsby est rafraîchissant et vraiment plaisant. Je ne l’ai jamais vu et c’est pour une bonne raison. Hors de question de trahir Hélios. Il semblerait néanmoins que ce dont nous avions besoin c’était un élément difficile. La disparition de papa le week end dernier a été une sorte de déclic. Et nous avions retrouvé cette espèce de cohésion qui semblait s’être envolée. Il était redevenu le lion féroce qui défend sa reine. Avait il réellement changé ou est ce que c’est moi qui ai changé. Peut être les deux. Mais une chose est sure. Nous commencions enfin à nous retrouver et c’était vraiment plaisant.

Plaisant jusqu’à ces mots assassins des vieilles bigotes. Elles devaient avoir été au caté avec maman celles-ci ! Mais moi qui d’habitude assume tout. Subrepticement l’idée que en effets Hélios pourrait avec un physique et un charme comme le sien trouver son bonheur entre d’autres bras et d’autres draps. Et l’idée me glaçait le sang. Mon époux avec une autre.
Rentrés à présent j’étais un peu dans la lune. Et peinée surtout. Hélios évidemment ne comprendrait pas pourquoi. Heureusement qu’il ne savait pas ce qui trottait sous la caboche blonde de sa naine d’épouse. Je lui demandais ce qu’il voulait manger. Je n’étais plus sûre d’avoir faim et pourtant j’avais très peu mangé aujourd’hui. " T'embêtes pas! Si y a des restes des restes, on pose tout sur la table et ça ira très bien! Sinon on commandera un truc. On va pas s'e casser la tête ce soir avec la bouffe et tu en as bien assez fait pour aujourd'hui! Viens plutôt dans le canapé avec moi t'as mérité un peu de repos!!" je le regardais doucement complètement affalé sur le canapé et souriais un peu. Je portais le verre de vin blanc à mes lèvres et en but une longue rasade. Cela faisait du bien. Je ne buvais pas régulièrement mais je savais apprécier un bon cru. Malheureusement cela me montait facilement à la tête. « Je suis épuisée » reconnaissais je en buvant une seconde gorgée. Sentant déjà, la fatigue aidant, l’effet euphorisant de l’alcool sur mon métabolisme. D’un pas léger je le rejoignais   "Alors y a de quoi grignoter ou on commande? J'ai envie de manger des nems...et le truc que j'aime bien là avec des champignons noirs...et des rouleaux de printemps..." je hochais de la tête. « y’a toujours de quoi manger dans cette maison » dis-je amusée. Avec quatre enfants même si la plus âgée était souvent sortie ou chez sa petite amie, nous avions toujours des choses dans les placards ou le frigo. Et ma mère insistait pour nous donner encore et toujours plus de choses à manger comme si Hélios et moi ne savions pas nourrir notre tribu. En sucré je me débrouillais bien. Hélios c’était le salé. Je hochais de la tête. De bons nems croustillants. " Ça te tente?" je hochais de nouveau de la tête. « Tant qu’on les prend pas dans ce restau dans le noir » dis-je en riant me rappelant le désastre de notre dernière soirée de saint Valentin. Je pris une autre gorgée posais le verre sur la table basse et me laissais lourdement tomber sur le canapé à ses côté. Passant mes bras autour de lui je posais ma tête sur son torse que je sentais de soulever au rythme de sa respiration. C’était le meilleur endroit au monde. Les bras de mon mari. L’alcool commençait à faire son effet et je sentais mon corps se détendre et les pensées négatives me quitter. Pour l’instant. « tu veux rire ? » dis-je les yeux fermés toujours la joue contre lui. « il y a quelques semaines j’ai pris des cours de strip tease dans l’optique de te séduire de nouveau » dis-je. Avais-je réellement dit ca ou c’était l’alcool qui avait parlé à ma place ? Une chose est sûre les cours de pole danse prodigués par Morwenna étaient à présent sur le tapis et je l’imaginais déjà se moquer gentiment de moi.

J’étais vraiment épuisée. C’était pas un moment super agréable et la journée avait été éreintante je  ne vous raconte même pas ! Les gens étaient vraiment horribles ... est-ce qu’ils se rendent compte qu’ils le sont? Pfft j’en ai aucune idée, mais moi en tout cas si je pouvais ne plus jamais vivre une journée comme celle d’aujourd’hui, je le ferai. Les regards en biais... les murmures, les gestes, les sourires gênés …  j’en pouvais plus. La pitié, la peur, la compassion, le jugement … J’aime vraiment beaucoup ma ville natale de Galway pourtant le côté ragots et potins ne m’a jamais attirée. Et je crois que ce serait jamais le cas. Je vais bien trop d’autres choses à penser. Et le côté fouteur de merde de Merrow … franchement la ou les personnes derrière n’ont aucune vie privée ou quoi pour se mêler de celle des autres …

Même si je ne prêtait pas attention aux ragots et aux rumeurs, ce que ces deux femmes avaient dit, sur la possibilité de tromperie de mon mari, me trottait toujours dans le crâne. Que manger.Je ne savais pas trop. Mais je savais très bien ce que je ne voulais pas manger en tout cas. Et helios aussi à mon avis.  Pitié non!!Tout mais pas ça je m'en remettrais pas une deuxième fois! " c’était bien ce que je pensais. Je me mis à rire doucement en me souvenant de cette expérience unique comme ils avaient vendu ca. Ah oui pour être unique. Ca C’est certain ! « Je te rassure je n’en ai aucune envie moi non plus.  » bon ca avait eu le point bénéfique de nous rapprocher et nous provoquer à la fois choc et hilarité tellement c’était …. improbable. « plus jamais ! Si tu veux un jour me surprendre …. pas comme ça !  » dis-je d’un ton très calme.

Puis je venais me poser dans ses bras. Certainement le meilleur endroit au monde à mon avis. Et je lui faisais une révélation. J’avais, en effet, pris des « cours » de striptease. "Tu as fait quoi?!" je me relevais pour le regarder un léger sourire aux lèvres et je hochais positivement de la tête pour toute réponse.
"Et...tu me ferais pas une petite démonstration?" mon sourire s’agrandit et une nouvelle fois je hochais la tête positivement. Je me relevais totalement et reculais un petit peu. Puis je commençais. Maladroitement à mon avis. Je n’étais pas une pro du tout. Et j’avais l’impression d’être aussi sensuelle qu’une plaquette de beurre. Mais j’essayais de me mouvoir lascivement devant mon époux. Exagérant les gestes et mouvements et commençais pas retirer mon haut. Un bras puis l’autre. Le tout sans le lâcher du regard. Je devais avoir l’air totalement ridicule.